dimanche 1 avril 2018

Canada. Québec. Bonaventure, Saint-Godefroy, Port-Daniel et Percé. 14 et 15 août 2016

Dimanche 14 août 2016 (suite): Après la visite du site historique de la Pointe Duthie à New-Richmond, nous reprenons notre route vers Percé et nous arrivons au début de la Baie des chaleurs, nom donné par Jacques Cartier en 1534 car la chaleur est ici plus tempérée qu'en Espagne.  Au XIXème siècle, les Micmacs nommaient cette baie "Ecketaan Nemaachi", ce qui signifie "mer poissonneuse". 

Gaspésie. Début de la Baie des chaleurs


Gaspésie. Début de la Baie des chaleurs 


Nous nous arrêtons en chemin dans la petite ville de Bonaventure qui fut fondée en 1760 suite à la déportation des acadiens de la Nouvelle Ecosse.
80 % de la population de Bonaventure est originaire de cette communauté poitevine.


Fresque murale représentant Bonaventure



Un peu de musique pour célébrer les acadiens et leur installation à Bonaventure: 





Nous y découvrons de jolies maisons colorées.  


Gaspésie. Bonaventure


Gaspésie. Bonaventure


La plupart de ces maisons arbore le drapeau acadien identique à celui de la France, avec une étoile dans la partie bleue. 


Gaspésie. Bonaventure


Gaspésie. Bonaventure


Gaspésie. Bonaventure


Bonaventure a fêté ses 250 ans en 2010. 


Gaspésie. Bonaventure


Gaspésie. Bonaventure


Nous remarquons que plusieurs bâtiments portent le nom des édifices Robin, une société fondée en 1767 par Charles Robin, un jeune jersiais qui après un premier voyage en 1766, est revenu s'établir l'année suivante à Paspébiac. Il y installa son premier poste de pêche. L'activité consistait à troquer la morue en échange d'autres marchandises. A Bonaventure, l'ensemble Robin comprend 5 bâtiments: l'ancien magasin Robin, le magasin général, la maison du gérant et le grand et le petit hangar. 


Gaspésie. Bonaventure. Edifice Robin. Ancien magasin général


Les pêcheurs venaient vendre leur morue au grand hangar où elle était salée. Le petit hangar servait d'entrepôt pour "la morue sec". Plus tard, le petit hangar entreposa d'autres fournitures : huile, tuyaux, briques, farine, mélasse, clous à chevaux... La présence de Charles Robin a été déterminante pour le développement de la pêche dans la Baie des chaleurs.  
Tous ces bâtiments sont revêtus de bardeaux, un matériau qui a la propriété d'être résistant à l'air salin. 


Gaspésie. Bonaventure. Edifice Robin. L'ancien magasin


Gaspésie. Bonaventure. Le vieux couvent


Une sculpture de l'artiste Zonbin Fini, alias Denis Tremblay, symbolise l'effort commun et la fierté de plus de 200 bénévoles qui ont contribué à la création et au fonctionnement du Centre Bonaventure, un grand centre régional de congrès.   


Gaspésie. Bonaventure.  Sculpture Denis Tremblay



Un peu plus loin, toujours sur la route 132, nous faisons une halte à Saint-Godefroy, un des premiers ports de pêche que nous  rencontrons. C'est un port minuscule car la côte gaspésienne n'offre que que peu d'abris pour accueillir des ports.   


Gaspésie. Saint-Godefroy


Gaspésie. Saint-Godefroy


Gaspésie. Saint-Godefroy


Gaspésie. Saint-Godefroy

Nous adorons ces petits ports colorés... 


Gaspésie. Saint-Godefroy


Gaspésie. Saint-Godefroy


Gaspésie. Saint-Godefroy


80 km avant Percé,  nous nous arrêtons à nouveau à Port-Daniel, un village bâti au fond d'une baie. Une passerelle suspendue permet d'accéder à un observatoire en bois pour admirer la baie et surprendre les oiseaux.   


Gaspésie. Port-Daniel

Gaspésie. Port-Daniel

Gaspésie. Port-Daniel

Gaspésie. Port-Daniel

Gaspésie. Port-Daniel

Gaspésie. Port-Daniel

Gaspésie. Port-Daniel

Gaspésie. Entre Port-Daniel et Chandler



A Chandler, nous faisons un nouvel arrêt afin d'admirer le reflet des maisons dans le lac Vachon. Le lac Vachon a été construit à main d'homme au début du 20ème siècle afin d'alimenter en eau douce l'usine de pâte à papier Gaspesia. 


Gaspésie. Chandler. Lac Vachon


Gaspésie. Chandler. Lac Vachon

Gaspésie. Chandler. Lac Vachon

Gaspésie. Chandler. Lac Vachon

Gaspésie. Chandler. Lac Vachon



Un tout dernier petit arrêt dans le minuscule port, toujours aussi coloré de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, nommé ainsi en l'honneur de Sainte-Thérèse de Lisieux. 

Gaspésie.  Sainte-Thérèse-de Gaspé

Gaspésie.  Sainte-Thérèse-de-Gaspé

Gaspésie.  Sainte-Thérèse-de-Gaspé

Gaspésie.  Sainte-Thérèse-de-Gaspé

Gaspésie.  Sainte-Thérèse-de-Gaspé

Gaspésie.  Sainte-Thérèse-de-Gaspé

Gaspésie.  Sainte-Thérèse-de-Gaspé


Sur la route 132, nous avons été surpris par le nombre impressionnant de campings. Ceux-ci sont occupés exclusivement par de gigantesques camping-cars ou d'immenses caravanes tractées par de gros pick-up.


Gaspésie. Route 132


Je tiens aussi à dire que nous avons été séduits par la gentillesse de toutes les personnes rencontrées: commerçants, personnel hôtelier ou de restauration, caissières... Toutes semblent aimer beaucoup la France, pays de leurs origines. 

Nous arrivons à Percé et nous peinons à trouver notre hôtel car l'adresse sur le bon d'échange est inexacte. Notre chambre se trouve à nouveau dans un hôtel de style motel avec vue sur la mer et sur le rocher percé. 
Nous nous offrons un dîner "romantique" à la Maison Mathilde, sous une véranda qui donne sur la mer... Et allez, soyons fous, ce soir, nous choisissons la table d'hôte (c'est à dire le menu complet) avec potage au céleri, plat de poisson (saumon au sirop d'érable et roulade de truite aux pistaches) accompagné d'un vin blanc du Québec et dessert. 
  

Lundi 15 août 2016: Nous achetons juste en face de notre hôtel nos billets pour la croisière jusqu'à l’Île Bonaventure. Il y a un départ à 10h. 


Gaspésie. Percé


Nous avons juste le temps de prendre un petit déjeuner à la boulangerie café Le Fournand et d'acheter des sandwichs. 

Un aperçu rapide de Percé, un village qui doit son nom au fameux rocher percé situé juste en face, qui est l'emblème naturel de la Gaspésie. Percé est mondialement connu pour la beauté de ses paysages souvent comparés à ceux d'Etretat. Les artistes se donnaient déjà rendez-vous dans ce site sauvage dans les années 1930. 
Gaspésie.  Percé

Le village est entouré de collines boisées. 


Gaspésie.  Percé


Gaspésie.  Percé


Nous voilà face au fameux rocher percé. 

Gaspésie.  Percé. Le rocher percé



Notre bateau arrive et c'est parti pour une croisière d'une durée d'une heure jusqu'à l'île Bonaventure.  


Gaspésie.  Percé. Notre bateau 



Le bateau fait pour commencer le tour du rocher percé qui rappelle effectivement la célèbre falaise d'Etretat. Le rocher de calcaire fut formé il y a 375 millions d'années. Les vagues l'ont progressivement détaché de la terre ferme. 

Gaspésie. Croisière vers l'île Bonaventure. Le tour du rocher percé. 



Le rocher mesure aujourd'hui 433 mètres de long et 80 mètres  de haut. Il pèse environ 5 millions de tonnes dont il perd 300 par an. Son espérance de vie est donc limitée ! Il était grand temps que nous nous rendions sur place !


Gaspésie. Croisière vers l'île Bonaventure. Le tour du rocher percé

Gaspésie. Croisière vers l'île Bonaventure. Le tour du rocher percé

Gaspésie. Croisière vers l'île Bonaventure. Le tour du rocher percé


Gaspésie. Croisière vers l'île Bonaventure. Le tour du rocher percé

Gaspésie. Croisière vers l'île Bonaventure. Le tour du rocher percé


Gaspésie. Croisière vers l'île Bonaventure. Le tour du rocher percé


Gaspésie. Croisière vers l'île Bonaventure. 


Gaspésie. Croisière vers l'île Bonaventure.

Gaspésie. Croisière vers l'île Bonaventure.  Vue sur Percé



Le bateau prend ensuite la direction de l'île Bonaventure dont il commence à faire le tour afin que nous puissions observer les refuges de plusieurs espèces d'oiseaux migrateurs et principalement les fous de Bassan qui se rassemblent de fin mars à octobre sur les falaises orientales de l'île. 


Gaspésie. Croisière vers l'île Bonaventure. 


Gaspésie. Croisière vers l'île Bonaventure.


Gaspésie. Croisière vers l'île Bonaventure.  Vue sur le rocher percé depuis l'île Bonaventure

Gaspésie.  Arrivée sur l'île Bonaventure


Nous débarquons au niveau du centre de découverte où nous devons nous acquitter d'une somme de 8,50 CAD  pour entrer dans le parc national. Nous sommes immédiatement émerveillés par la palette de couleurs qu'offre l'île. 


Gaspésie.  Arrivée sur l'île Bonaventure


Gaspésie.  Arrivée sur l'île Bonaventure. Le centre de découverte




Nous  commençons par visiter la maison Le Boutillier dans laquelle logeaient les gérants du port jusqu'à la faillite de la compagnie "Le Boutillier" en 1926. 
Cette maison ancestrale fut construite vers 1845 par la compagnie de David Le Boutillier, une compagnie jersiaise spécialisée dans le traitement et le commerce du poisson séché. 
Habitée par le gérant, cette maison était le symbole de la puissance financière de la compagnie. Ses formes s'inspirent des architectures québécoises et anglo-normandes. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Maison Le Boutillier


Gaspésie. Ile Bonaventure. Maison Le Boutillier


Une vingtaine de bâtiments en demi-cercle autour de la maison composaient les installations de la Le Boutillier Brothers. Des fenêtres du salon, le gérant avait une vue d'ensemble des activités de la compagnie. Il pouvait surveiller les quelques 200 engagés, pêcheurs et gens de terre. le débarquement du poisson, le salage et le séchage, tout se déroulait devant la maison. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Maison Le Boutillier. Le salon


Tout au long du XIXème siècle, rares furent les insulaires qui se sont assis à la table du gérant. L'histoire raconte que seuls les actionnaires et les personnalités qui venaient sur l'île, étaient conviés à partager ses repas. 
Les actionnaires de la famille de David Le Boutillier n'ont jamais habité l'île Bonaventure, préférant partager leur temps entre l'île Jersey et Paspébiac, où était implanté le centre nerveux des opérations. 
Entre 1850 et 1870, la compagnie atteignit le sommet de sa prospérité avec ses 7 postes de pêche et occupa le second rang  des compagnies jersiaises de pêche installées en Gaspésie, tout juste derrière la compagnie Charles Robin dont nous avons vu plusieurs bâtiments dans la petite ville de Bonaventure. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Maison Le Boutillier. La salle à manger


Pour être gérant, il fallait être jersiais, célibataire et protestant. Généralement ils entraient très jeunes au service de la compagnie et gravissaient les échelons un à un jusqu'au poste prestigieux de gérant. 
Le gérant devait administrer, assurer la comptabilité, recruter et diriger le personnel, gérer le magasin général de la compagnie. Le système de crédit qui contribua grandement à la fortune de la compagnie relevait  également de son autorité. C'est donc dans ce bureau que les pêcheurs de l'île venaient négocier le crédit et discuter de remboursement. 
Tous les deux ans, le gérant devait se rendre à Jersey pour rendre compte de son administration devant les propriétaires. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Maison Le Boutillier. Le bureau du gérant 


La compagnie Le Boutillier fut en opération durant 84 ans dans l'île. Au tournant du siècle, la baisse des marchés de poisson séché, l'exode des jeunes de l'île, l'incapacité de la compagnie à se moderniser et surtout la faillite des banques de Jersey, entraînèrent  un long déclin. 
La compagnie Le Boutillier fut acculée à la faillite technique et dut vendre ses parts en 1886. Elle fut revendue à un marchand du Québec, Richard Turner, qui, faute de moyens, fit faillite à son tour en 1926. 
La maison du gérant fut alors vendue et transformée en demeure familiale. Des visiteurs y étaient accueillis à l'occasion. L'île Bonaventure eut désormais une nouvelle vocation: le tourisme. La maison fut rénovée entre 1996 et 1998. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Maison Le Boutillier. Une des chambres. 



Nous empruntons le sentier qui mène à la colonie des fous de Bassan. 


Gaspésie. Ile Bonaventure


Gaspésie. Ile Bonaventure



Le sentier, très agréable, traverse une belle forêt boréale, composée principalement de sapins.


Gaspésie. Ile Bonaventure


 Des secteurs entiers ont toutefois été décimés, probablement par des tempêtes. 


Gaspésie. Ile Bonaventure


La flore est superbe et variée et nous offre un magnifique dégradé de couleurs, qui va du rose au jaune en passant par le bleu, le blanc, le rouge et le violet des petits baies. Sans oublier les petites framboises des bois dont nous nous régalons tout le long du chemin. 


Gaspésie. Ile Bonaventure

Gaspésie. Ile Bonaventure


Gaspésie. Ile Bonaventure


Gaspésie. Ile Bonaventure



Soudain, nous commençons à entendre les cris assourdissants des fous de Bassan en même temps que nous sommes accueillis par une forte odeur de poisson avarié. 
La côte apparaît alors et des milliers de fous de Bassan nichent sur les bords de la falaise. Un spectacle tout à fait incroyable ! 


Gaspésie. Ile Bonaventure. La colonie de fous de Bassan


Des plateformes sont aménagées tout le long de la falaise afin de permettre aux visiteurs d'observer au plus près ces grand oiseaux marins blancs d'une envergure de près de 2 mètres et qui possèdent d'impressionnants yeux bleus cerclés de gris.  


Gaspésie. Ile Bonaventure. La colonie de fous de Bassan


Le fou de Bassan est piscivore. Il se nourrit surtout de petits poissons (maquereau, hareng, capelan, lançon...)


Gaspésie. Ile Bonaventure. La colonie de fous de Bassan


D'année en année, les fous de Bassan reviennent sur le même site de nidification et retrouvent la même compagne, parfois tout au long de leur vie. Les deux partenaires participent à la fabrication du nid qui se compose d'algues, de plumes, de débris marins et d'herbe. 
Habituellement un adulte qui revient au nid se pose en face de son conjoint. Tous les deux dressent le cou et crient pendant qu'ils frottent leur bec et qu'ils  entrouvent leurs ailes. Il semble que ce comportement, en plus d'apaiser l'agressivité débordante de ces oiseaux, renforce les liens qui unissent le couple.  


Gaspésie. Ile Bonaventure. La colonie de fous de Bassan


L'accouplement se déroule sur le site du nid. le mâle mord la femelle sur la nuque, la monte et la piétine tout en la fécondant. Après la copulation, le mâle pointe sa tête vers le ciel puis redescend de la femelle. Ce rituel dure environ 24 secondes et se répète à plusieurs occasions au cours de l'été. 

Quel romantisme ! Nous avions déjà assisté à une scène presque similaire avec des tortues en Corse ! 


Gaspésie. Ile Bonaventure. La colonie de fous de Bassan


Avant de prendre son envol, le fou de Bassan pointe le bec vers le ciel pendant quelques instants pour emplir les sacs aériens situés dans son cou afin d'amortir le choc lors de la plongée. Puis, inspirant profondément, il pousse un cri rauque ! 

Pas étonnant que nous soyons abasourdis par le bruit. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. La colonie de fous de Bassan


Pour protéger son territoire, le fou de Bassan menace souvent son voisin. C'est pourquoi il s'adonne à de fréquentes prises de bec, accompagnés (encore !!) de cris stridents. 



Gaspésie. Ile Bonaventure. La colonie de fous de Bassan



Le becquetage mutuel au cou, à la gorge et à la tête est réservé au couple. Il semble que le but de cette activité soit de procurer au conjoint une sensation tactile et non de lui enlever des parasites.


Gaspésie. Ile Bonaventure. La colonie de fous de Bassan

Gaspésie. Ile Bonaventure. La colonie de fous de Bassan


Les couples de fous de Bassan ne font chaque année qu'un seul œuf qui sera à tour de rôle couvé par les deux parents. Une fois sorti de sa coquille, le bébé fou de Bassan sera nourri et chouchouté par ses parents durant quelques semaines avant d'être livré à lui-même. La durée de vie d'un fou de Bassan est de 16 à 20 ans. 

Gaspésie. Ile Bonaventure. La colonie de fous de Bassan




Le poussin naît nu et vulnérable. Il est de couleur brun foncé la première année puis apparaissent graduellement de plus en plus de plumes claires et duveteuses. 
Gaspésie. Ile Bonaventure. La colonie de fous de Bassan


Je vous propose de regarder un petit film tourné sur l'île Bonaventure, de meilleure qualité que ceux que j'ai tenter de réaliser !  







Nous empruntons ensuite le chemin du Roy, qui longe la côte et offre de superbes panoramas. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. La colonie de fous de Bassan

Gaspésie. Ile Bonaventure.  Sur le chemin du Roy


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy

Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy


Après la colonie de fous de Bassan, c'est une petite colonie de cormorans que nous observons, les corbeaux des mers. Deux espèces nichent dans le parc national de l'île Bonaventure et du rocher percé: le grand cormoran et le cormoran à aigrettes. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Colonie de cormorans


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy


Une petite plage de galets est accessible dans la baie des Marigots. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Baie des Marigots


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Baie des Marigots


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Baie des Marigots


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy


Tout le long du parcours, nous pouvons admirer et même parfois visiter les maisons des anciens habitants de l'île, aujourd'hui inoccupées. 

Nous découvrons la maison de la famille Brochet, un patronyme qui fait partie intégrante de l'histoire de l'île. C'est sur l'île Bonaventure que s'implanta le premier Brochet en terre d'Amérique. Ce dernier était originaire de Jersey et avait aussi des origines françaises. Ainsi les Brochet, toujours présents en Amérique du Nord, sont à la fois porteurs des cultures française, jersiaise et canadienne. 
Selon la petite histoire, le patriarche, Jean-Jacques Brochet, se serait installé sur l'île suite à un naufrage. Vers 1842, il épousa Henriette Lawrence, une jeune insulaire de 15 ans alors que lui en avait 35. De cette union naquirent 8 enfants qui à leur tour eurent de grandes familles. 

Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Maison de la famille Brochet



Les Brochet étaient pêcheurs comme c'était la tradition sur l'île.  En 1868, le nom de James Brochet, de la seconde génération, figure sur la liste des débiteurs de la compagnie Le Boutillier avec une dette de 87 livres. 
Les Brochet étaient de religion catholique. 


Augustin Brochet et son épouse Louise  Anna Lawrence

Louis Brochet et des enfants

De grandes familles, sur un territoire aussi restreint, étaient dans l'obligation de quitter l'île. Ce fut le cas de John-Léon Brochet, fils de James et petit-fils de jean-Jacques, qui devint vendeur ambulant de produits usagés dans les villages de la côte gaspésienne. Ce père d'une famille de 16 enfants, doté d'un bon sens du commerce, prospéra et mit sur pied "Brochet et Tremblay", une entreprise qui a fait sa marque de distribution alimentaire en Gaspésie. 

Reprenons notre balade et observons la mer. On peut apercevoir de nombreux phoques gris qui sortent la tête de l'eau ou se font sécher sur les rochers. Ils sont parfaitement adaptés à la vie marine. Ils peuvent plonger jusqu'à une profondeur de 200 mètres et rester immergés durant 25 minutes. Une épaisse couche de graisse sous leur peau leur permet de conserver leur chaleur même en eau très froide. 
 
Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy



Nous passons devant la maison de Kittie Bruneau.


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Maison de Kittie Bruneau

Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Vue sur le rocher percé



... Puis devant la maison Wall,  qui n'a pas résisté au temps qui passe ! 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Maison Wall



Nous arrivons au cimetière des Saints-Anges qui est fort émouvant. C'est à cet emplacement que se trouvait la première chapelle de l'île qui fut construite en 1860 grâce à Georges Aubert, un insulaire qui fit don d'un terrain sur son propre lot pour installer la chapelle et le cimetière. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Cimetière des Saints-Anges


La petite chapelle, construite par Lawrence Hennessy, n'aura pas de clocher, faute de moyens financiers. Le premier mariage y fut célébré le 3 septembre 1860 entre une fille de l'île, Sarah Morrissay et Césaire Bernier, un pêcheur salarié de Cap Saint-Ignace. 
Malgré la chapelle et les visites régulières du prêtre sur l'île, nombre d'insulaires n'hésitaient pas à faire la traversée jusqu'à la terre ferme pour se marier, faire baptiser le nouveau-né ou pour des funérailles. Selon la petite histoire, cette traversée était pour certains couples le voyage de noces. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy.
Cimetière des Saints-Anges


Avec le 20ème siècle et le déclin de l'économie, l'île connut un exode de sa jeunesse. L'argent se faisant rare, les catholiques moins nombreux négligèrent la chapelle qui ne servait plus beaucoup. Elle fut démantelée après avoir été un point de ralliement pour les catholiques pendant plus de 85 ans. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy.
Cimetière des Saints-Anges

Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy 


En 1948, grâce à une subvention du ministère de la colonisation, l'école fut transformée en seconde chapelle afin de répondre aux besoins actuels et futurs des insulaires. Mais faute d'avoir pu faire régulièrement venir un prêtre pour la messe dominicale, l'utilisation de la seconde chapelle se fit de façon très sporadique. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy.
Emplacement de la seconde chapelle


La dernière mention d'utilisation du cimetière de l'île remonte au 2 août 1955, avec la sépulture du père de l'aubergiste Sidney Maloney. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy.
La cloche de la seconde chapelle



Pêcheurs, cultivateurs, charpentiers, cordonniers... les hommes de l'île Bonaventure exerçaient tous les métiers. Ils fabriquaient eux-même la majeure partie de ce dont ils avaient besoin, de leurs meubles à leurs outils... et instruments de musique ! 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy.
Sur le site de la seconde chapelle 



Nous arrivons devant la maison ancestrale des Paget  qui fut l'une des plus anciennes familles de l'île. Leur ancêtre Michel Pagé s'installa ici vers 1858. Son arrière petit-fils, John fut le dernier à vivre dans cette maison. 
John Paget avait toutes les caractéristiques d'un habitant de Bonaventure. Il connaissait bien son milieu natal et connaissait tous les métiers, qu'il s'agisse de construire un bateau, soigner les animaux ou agir comme gardien des Fous de Bassan. Il faisait tout avec calme, sagesse et prudence. 
Pendant les années 1950, la maison Paget fut un véritable havre de paix pour les touristes qui y prenaient pension. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. La maison Paget




Nous découvrons un peu plus loin la maison Waugh. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Maison Waugh

Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Vue sur le rocher percé

Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. 


Nous pénétrons dans la maison Hoyland Bettinger, un artiste peintre américain, originaire du Massachusets qui,  en découvrant Percé dans les années 1930, fut envoûté par l'immense rocher, la colonie des fous blancs et l'île aux falaises rouges. Percé devint une source d'inspiration féconde pour cet artiste qui, pendant une douzaine d'années, partagea sa vie entre la Nouvelle Angleterre et la péninsule gaspésienne.  

Voici quelques unes de ses œuvres représentant l'île Bonaventure: 

Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Maison Hoyland Bettinger


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Maison Hoyland Bettinger


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Maison Hoyland Bettinger




Nous passons maintenant devant la maison Du Val.
Peter Du Val, natif de l'île de Jersey, le 11 octobre 1767, fut l'un des plus célèbres personnages de l'histoire de l'île Bonaventure.
Sa carrière navale débuta dans les années 1790 alors qu'il entrait au service des frères Janvrin, des commerçants jersiais. Les guerres napoléoniennes entre la France et l'Angleterre propulsèrent Du Val à l'avant-scène en tant que corsaire. DuVal exerçait une veritable terreur chez les ennemis, sur son navire armé par les Janvrin. 
Pendant près de 20 ans en mer, Peter Du Val bâtit sa légende comme corsaire et comme capitaine au long cours, toujours au sein de l'entreprise des Janvrin. 
Cette réputation de corsaire redoutable suivra Du Val toute sa vie. 
La légende fait aussi état des fabuleuses richesses accumulées sur la mer et qu'il aurait enterrées sur l'île Bonaventure. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. Maison Du Val



A travers cette vie de bourlingueur, Du Val eut le temps d'avoir trois fils avec son épouse Elisabeth Hubert demeurée à Jersey. 
A compter de 1814, Peter Du Val changea de cap et fit ses premières armes dans le commerce de poisson en s'installant près de Dundee au Cap Breton. En 1819, avec le capital accumulé, il fonda la Peter Du Val and co et acheta le lot n°1 sur l'île Bonaventure, avec les établissements de pêche, pour en faire la pierre d'assise de son entreprise. Les vendeurs n'étaient nul autres que les frères Janvrin pour qui il avait travaillé depuis près de 25 ans. 
Suite au décès de son fils Peter-John en 1835 et pour assurer la sécurité de ses petits-enfants, Du Val se mit à multiplier les transactions d'achats de lots sur l'île Bonaventure. 
De plus, de 1831 à 1838, il agit à titre de juge de paix et fit office de notaire pour la communauté insulaire. 
Mais dettes et revers de fortune s'accumulèrent au fil des ans, si bien que Du Val fut contraint de déclarer faillite en 1843. Le lot n°1 fut racheté par la Compagnie Le Boutillier qui l'occupa jusqu'en 1919. 
Seul le lot n°5 demeura dans la famille et le resta jusqu'en 1971, date d'acquisition de l'île par le gouvernement du Québec. 
Peter Du Val décéda sur l'île Bonaventure le 12 février 1851, à l'âge de 84 ans, dans un état de grande pauvreté. 


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy.
Blason des membres du lignage normand Du Val Beaumontel

Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. l'Anse Du Val


La flore de l'île est particulièrement riche en diversité. On compte plus de 350 espèces de plantes à fleurs sur l'île.

Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy. L'Anse Du Val


Gaspésie. Ile Bonaventure. Sur le chemin du Roy.
 Maison des pêcheurs de la Compagnie Le Boutillier Brothers



Il est déjà 16h15 lorsque nous regagnons le port. Nous avons beaucoup flâné sur cette île au cadre idyllique, le temps était très agréable et l'appareil photo a fonctionné à plein régime (comme vous avez pu le constater !)


Gaspésie. Ile Bonaventure. Retour vers le port


Gaspésie. Ile Bonaventure. Retour vers le port

Gaspésie. Ile Bonaventure. Retour vers le port



Notre bateau "Félix Leclerc" nous attend déjà ...


Gaspésie. Retour vers Percé



La traversée du retour ne dure que 12 minutes. Nous admirons le rocher percé sous une autre lumière que celle de ce matin ! 


Gaspésie. Retour vers Percé


De retour à Percé, nous avons une belle soirée devant nous pour profiter de la jolie lumière de fin de journée sur la mer et le rocher percé. 


Gaspésie. Percé

Gaspésie. Percé


En parlant du capitaine Du Val, voici justement une enseigne à son nom ! 

Gaspésie. Percé

Gaspésie. Percé. La plage et le rocher percé

Gaspésie. Percé

Gaspésie. Percé


Nous montons au belvédère du Mont-Joli qui nous offre une vue magnifique sur le rocher et sur la baie. De belles maisons d'époque jalonnent le chemin. 


Gaspésie. Percé. Belvédère du Mont-Joli. La maison du capitaine

Gaspésie. Percé. Belvédère du Mont-Joli. La maison du capitaine

Gaspésie. Percé. Vue depuis le belvédère du Mont-Joli

Gaspésie. Percé. Vue depuis le belvédère du Mont-Joli 


Pour clore cette belle journée, nous nous offrons un dîner au café de l'Atlantique, avec une belle vue sur la mer : moules marinières et crêpe homardine suivis d'un gâteau aux pommes, noix, raisins, arrosé de sirop d'érable et crème brûlée au sucre d'érable. Pas très régime tout cela ! 

Gaspésie. Percé

 Puis nous assistons à un concert de rue folk bien sympathique avant de rejoindre notre motel. 




A très très bientôt pour la suite de nos aventures gaspésiennes.  

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