lundi 2 octobre 2017

5 jours sur le Chemin de Compostelle. 25 au 29 septembre 2017

Le Chemin de Compostelle, il y a longtemps que nous en parlons en nous disant que ce serait une belle aventure pour le début de notre future retraite, sur plusieurs mois, en prenant notre temps, sans chercher à nous surpasser, juste pour le plaisir de vivre au rythme de nos pas ! 

J'ai découvert il y a quelques mois qu'il existait un petit bout du chemin dans l'Allier,  145 km entre Sancoins et Ebreuil par le GR 300. Alors je me suis dit qu'il fallait que je le teste ! 

Restait à trouver la bonne période, après mes interventions sur mon épaule et ma cheville gauches et avant l'intervention sur mon épaule droite, en excluant l'été (départ en vacances, canicule...), et les semaines trop pluvieuses. 

Après avoir consulté la météo, je décide de partir la dernière semaine de septembre.  l'organisation s'accélère alors, j'avais déjà acheté une bonne paire de chaussures de marche au printemps, nous nous rendons chez Decathlon et j'achète un sac à dos spécial femme, des pantalons de randonnée transformables en shorts, des chaussettes, des tee-shirts ultra-légers et une veste polaire ... 



Beaucoup d'excitation et aussi d’inquiétude: mes étapes ne vont-elles pas être trop longues, mes genoux vont-ils supporter des heures de marche, mon sac ne va t-il pas être trop lourd ? Je commence à le charger, je le pèse... Moins de 7 kg ! je suis fière de moi ! mais une fois complété avec chaussures de rechange, trousse de toilette et de secours, papiers, livre, carnet... il monte à plus de 11 kg !  Je reviendrai sur le contenu dans un article spécifique. 


J'imprime les fiches du sentier GR 300, je réserve des hébergements ... pas toujours facile d'en trouver à toutes les étapes... Et c'est parti ! 












Dimanche 24 septembre 2017: Après les derniers préparatifs (dernières lessives, dernières réflexions sur ce que j'emporte ou n'emporte pas, préparation d'un petit pique-nique pour la journée de demain...), nous prenons en fin d'après-midi la direction du village de  Sancoins, situé  à 1h30 de la maison. J'ai réservé une chambre pour la nuit.  Même si cette petite ville du Cher a toujours été un lieu de passage et d'échanges, traversée autrefois par Jules César, Vercingétorix et Jeanne d'Arc, pas facile de trouver un lieu où se restaurer un dimanche soir ! Nous dînons dans une petite pizzeria située sur la Place du Champ de Foire. 
Les dernières prévisions météorologiques ne sont pas bonnes et de la pluie est annoncée pour demain... mais trop tard pour reculer, advienne que pourra ! 


Lundi 25 septembre 2017:  Nous n'avons pas bien dormi, le matelas n'était pas très  confortable et nous nous réveillons tous les deux avec un mal de dos. Petit déjeuner à 7h30 pour un départ à 8h. Par sécurité, j'enfile ma genouillère. Jp me conduit jusqu'au départ du sentier, ému et inquiet de m'abandonner à ma marche en solitaire. 


Départ du GR 300 à Sancoins 


Et c'est parti, sac au dos, mon petit pique-nique accroché d'un côté du sac et mon petit tabouret pliant de l'autre, pour un premier trajet de 17 km.  
Les deux premières heures de marche sont tranquilles et agréables... Les jolies couleurs automnales commencent à faire leur apparition. Seul le ciel très noir derrière moi m'inquiète ! Je m'offre une courte pause sur mon petit tabouret en savourant cet instant privilégié. 


GR300 de Sancoins au Veurdre 


Que peuvent bien penser les vaches bourbonnaises en me voyant passer avec mon gros sac ! 


GR300 de Sancoins au Veurdre 


GR300 de Sancoins au Veurdre 
     
GR300 de Sancoins au Veurdre 
 


Je suis scrupuleusement les marques du GR qui me rassurent ! 


GR300 de Sancoins au Veurdre 


GR300 de Sancoins au Veurdre 

GR300 de Sancoins au Veurdre 

Alors que je me trouve au  milieu d'un bois, il commence à pleuvoir ! Je sors ma grande cape de pluie que j'ai beaucoup de mal à positionner de façon à protéger mon sac à dos. La pluie tombe de plus en plus fort ! Dans la manœuvre pour  enfiler ma cape, j'ai laissé tomber mes lunettes de soleil. Je dois faire demi-tour pour les retrouver ! 
Puis je marche, je marche, sans pouvoir profiter du paysage, en agrippant les côtés de ma cape pour protéger au mieux mon sac. Je n'ai plus qu'une seule idée en tête: arriver au plus vite à l'étape pour me mettre au sec ! Je suis de ce fait moins attentive aux marques du chemin qui indiquent quand il faut changer de direction... Ce qui me contraint à faire plusieurs fois demi-tour ! 


Je tente de sortir à plusieurs reprises mes rando-fiches, que je n'ai hélas pas pris soin de plastifier, elles se dégradent sous la pluie !  Je ne trouve aucun endroit où m'abriter ! 
Je m'arrête quelques minutes sous un mini abri de bus qui me protège à peine. Le conducteur d'un véhicule à l'enseigne "ENGIE" s'arrête pour demander son chemin mais ne me propose pas son aide. Il faut dire que je dois commencer à ressembler à un épouvantail. Je n'ai aucune chance d'être prise en stop en cas de problème ! 

Il ne me reste donc qu'à marcher, marcher, sous la pluie battante . Mes cheveux, mon pantalon sont trempés et mes chaussures censées être imperméables commencent aussi à prendre l'eau ! 

Je marche sans m'arrêter, je fais régulièrement demi-tour pour examiner les balises que je n'aurais pas vues. 
Je finis par entrer dans une propriété dans laquelle j'ai repéré une grange afin de m'y réfugier quelques instants et de pouvoir sortir ma carte au sec... 

J'approche de Château-sur-Allier.  J'ai encore environ 3,5 km à parcourir ! Allez, courage !
Je repars sous la pluie qui ne s'est toujours pas arrêtée. 


Ces derniers kilomètres sont vraiment difficiles. Je traverse le village de Château-sur-Allier où même l'église est fermée ! 


Eglise de Château-sur-Allier

A la sortie du village, il y a des tables de pique-nique ! 



Je vois un panneau qui m'indique que Le Veurdre n'est plus qu'à 1 km. Mon calvaire est presque terminé. Les dernières centaines de mètres me paraissent interminables et j'arrive à l'hôtel avec une seule envie, me sécher et me mettre au lit devant n'importe quel programme télé!  
Mais il me faut avant tout laver mes vêtements du jour trempés et boueux, nettoyer mes chaussures et faire sécher toutes mes affaires... Je fais aussi sécher 4 par 4 mes rando-fiches sur le radiateur heureusement allumé. Je prends une bonne douche chaude et j'enfile mon tee-shirt de nuit avant de m'enfouir sous les draps ! 


Mes rando-fiches rescapées de la pluie !


Je refais surface un peu avant 18h. Je m'habille, je dépose mes affaires dans la chaufferie de l'hôtel afin de les faire sécher plus rapidement et je fais un petit tour dans le village avant d'aller dîner.   


 Le Veurdre 



Comme dans de nombreux villages aujourd'hui, beaucoup de commerces ont fermé définitivement leurs portes !  


Le Veurdre 


Le Veurdre 


Le Veurdre 


Le Veurdre 



L'église Saint-Hippolyte, de style roman clunisien, date du XIème siècle. Elle est surmontée d'un clocher carré orné d'une corniche à modillon (corbeau sculpté) 


Le Veurdre . Eglise Saint-Hippolyte


Le Veurdre . Eglise Saint-Hippolyte


Et si vous voulez en savoir un peu plus sur ce petit village de l'Allier, je vous invite à visionner cette vidéo: "C'est pas Saint-Trop, c'est Le Veurdre"





Après un bon dîner tant reconstituant que réconfortant, je retourne dans mon lit avec une infusion ... A demain pour la suite de mes aventures d'apprentie pèlerine !



Mardi 26 septembre 2017: Je me suis endormie hier soir comme un bébé, la télé encore allumée. Ce matin, Je dormais tellement profondément que je n'ai pas entendu mon réveil sonner. C'est Jp qui me réveille en m'appelant sur mon portable à 8h45 !  Mon dos, mes épaules... sont encore toutes endolories. Une bonne douche chaude suivie d'un jet d'eau froide puis un massage avec le baume du tigre que j'ai pris soin d'emporter me remettent à peu près d'aplomb.  Je prends mon petit déjeuner, je récupère mes affaires dans la chaufferie. Mes chaussures sont encore humides, je finis de les sécher au sèche-cheveux. Je boucle mon sac. Il me faut me souvenir comment tout est accroché et me voilà repartie !   



Il est déjà 11h mais le temps étant très brumeux ce matin, il était préférable que j'attende que le ciel se dégage quelque peu. Et puis, mon trajet n'est que de 11 km aujourd'hui jusqu'à Saint-Léopardin d'Augy.  Après une première journée expérimentale sous la pluie, c'est parfait ! 

Après avoir quitté Le Veurdre, j'emprunte pendant un long moment une petite route qui traverse le bocage puis le bois des Montrifauds. Pas âme qui vive sur cette petite route. Je ne vois passer qu'une seule voiture. 


GR300 du Veurdre à Saint-Léopardin-d'Augy


GR300 du Veurdre à Saint-Léopardin-d'Augy


GR300 du Veurdre à Saint-Léopardin-d'Augy

GR300 du Veurdre à Saint-Léopardin-d'Augy



J'ai besoin de faire régulièrement de petites pauses car mon dos et mes épaules sont encore bien meurtries. Mon petit tabouret pliant, acheté 5 euros (mais pesant 1kg) me sauve la vie car m'asseoir un moment au sec me fait un bien fou !  
Mon sac me pèse énormément mais je ne sais pas bien comment j'aurais pu l'alléger d'avantage. Il me faudra revoir objet par objet, vêtement par vêtement ce dont j'aurais pu me passer !  J'étais pourtant bien contente hier soir après une journée de pluie d'avoir des chaussures et des vêtements de rechange secs et propres.  


GR300 du Veurdre à Saint-Léopardin-d'Augy

Je crois que j'apprécie de marcher seule car je peux ainsi avancer à mon rythme, sans parler et m'arrêter quand bon me semble.  Je ne saurais dire encore si je me sens prête pour effectuer la totalité du chemin de Compostelle car je mesure la difficulté de marcher avec un sac à dos contenant toutes mes affaires. Et encore je marche sur un terrain plat. Me sentirais je le courage de cheminer pendant des semaines à travers la montagne, parfois sous la canicule, d'autres fois sous la pluie, l'orage, le vent... sans possibilité de m'abriter, voire sans hébergement ? 
Mais je suis contente de vivre cette petite expérience. 

GR300 du Veurdre à Saint-Léopardin-d'Augy


C'est une région très agricole, je ne passe que devant des fermes, des pâturages, des chemins ruraux... et aussi des calvaires. J'apprécie le silence que ne viennent  troubler de temps à autre que le chant d'un oiseau ou le bourdonnement d'une mouche. 


GR300 du Veurdre à Saint-Léopardin-d'Augy


Il est 14h30, j'ai fait plusieurs petites pauses et je devrais bientôt arriver à la jonction avec le GR 303. 
J'ai de la chance avec le temps pour l'instant et le chemin est bien fléché, plus qu'hier, me semble-t-il, mais il faut dire qu'avec la pluie j'étais moins attentive. 
Sans la pénibilité de porter mon sac et sans mon dos, mes épaules et mes jambes endolories, cette marche en solitaire serait vraiment très agréable.  


GR300 du Veurdre à Saint-Léopardin-d'Augy


GR300 du Veurdre à Saint-Léopardin-d'Augy

GR300 du Veurdre à Saint-Léopardin-d'Augy


La fin de l'étape est assez difficile malgré le faible kilométrage et je suis soulagée d'arriver à la jonction avec le GR 303 et de voir un panneau m'indiquant qu'il ne me reste plus que 1,5 km jusqu'à Saint-Léopardin-d'Augy. Alors dans mon enthousiasme d'être presque arrivée, je me montre moins vigilante et je passe le chemin que je devais emprunter. Plus de balises ! Je n'ai pas le courage de revenir en arrière et j'arrive à Saint-Léopardin par la route... Un trajet un peu plus long et moins agréable.  Le dernier kilomètre me parait encore une fois interminable ! 


GR300 du Veurdre à Saint-Léopardin-d'Augy


En arrivant à Saint-Léopardin-d'Augy, j'appelle la dame de la chambre d'hôtes que j'ai réservée pour m'apercevoir qu'il me faut revenir sur mes pas ! Je suis en fait passée pratiquement devant chez elle ! Je me repose quelques instants devant la mairie et je reprends courageusement mon sac... 

Eglise de Saint-Léopardin-d'Augy


Mairie de Saint-Léopardin-d'Augy


Heureusement cette gentille dame vient à ma rencontre en voiture. Sa maison se trouve au bord d'un bel étang . Un jus de fruits d'accueil, une bonne douche et une vue superbe depuis ma chambre me réconcilient avec le chemin ! 


Maison d'hôtes de  Saint-Léopardin-d'Augy


Ma chambre d'hôtes à  Saint-Léopardin-d'Augy



Une fin d'après-midi assise dans un transat avec un livre, au bord de l'étang. Puis un beau coucher de soleil derrière la rangée d'arbres ! La vie est belle ! 


Maison d'hôtes de  Saint-Léopardin-d'Augy


Les propriétaires de la maison d'hôtes sont hollandais et les deux autres hôtes présents le sont également. Un verre de vin blanc sur la terrasse suivi d'un délicieux dîner indonésien avant de regagner ma chambre et de bien me reposer avant une nouvelle journée de marche. 


Mercredi 27 septembre 2017: Après un copieux petit déjeuner, je reprends ma route jusqu'à Saint-Léopardin-d'Augy non sans avoir admiré l'étang sous la brume matinale.  


Maison d'hôtes de  Saint-Léopardin-d'Augy


De l'ancienne église romane détruite au XIXème siècle, ne subsiste que le portail servant d'entrée au cimetière. L'église actuelle de Saint-Léopardin-d'Augy fut construite en 1871 en briques de la tuilerie de Bomplein à Couzon. 


Saint-Léopardin-d'Augy. Eglise Saint-Martin


Saint-Léopardin-d'Augy. Eglise Saint-Martin


J'achète au bureau de poste qui fait également dépôt de pain et épicerie de dépannage, une demie baguette et un crottin de chèvre (le seul produit frais à disposition). 
Je reprends ma route en direction du village de Couzon distant de 3,7 km. 

Arrivée à Couzon, je m'arrête devant une jolie devanture fleurie, celle d'un restaurant et d'une boutique artisanale. Je m'apprête à prendre une photo lorsqu'une dame sort et me propose d'entrer et de boire quelque chose. L'établissement n'ouvre qu'en fin de semaine mais elle aime accueillir des pèlerins de passage. Elle tient en plus de la boutique artisanale un restaurant végétarien dans lequel elle organise des soirées à thème afin de redonner vie au village. En semaine, elle fabrique des produits alimentaires comme de la pâte à tartiner de sésame. Une belle adresse à retenir dans ce tout petit village où une activité originale est la bienvenue !  http://www.lartdesmets.eu/


Couzon


Avant de reprendre ma route, je fais un petit tour dans le village et j'admire l'église Saint-Georges qui fut édifiée entre les XIIIème et XVème siècle et dont l'intérieur est entièrement peint. L'église est hélas fermée. 

Eglise Saint-Georges. Couzon

Eglise Saint-Georges. Couzon


Un joli montage avec des photos de Couzon d'antan est affiché devant l'église. 

Couzon d'antan


Un autre montage présente les photos de mariage des années 1920 à 1970 à Couzon.  

Mariages des années 1920 à 1970 à Couzon

Couzon

Couzon

Couzon


Je me dirige maintenant vers Agonges et après avoir suivi assez longuement une petite route, j'arrive sur un chemin forestier à suivre pendant 3 km dans la forêt des Prieurés Bagnolet.  

GR 300 de Couzon à Agonges


De petits perchoirs destinés à l'observation des oiseaux ou des animaux, ou à la chasse (des affûts ?) jalonnent le chemin.  

GR 300 de Couzon à Agonges


Je m'offre une halte au milieu des bois pour déguster un quart de baguette et le demi crottin de chèvre achetés à Saint-Léopardin... Un peu sec, mon petit sandwich sans beurre... Mais une pèlerine doit avoir la vie dure !   

GR 300 de Couzon à Agonges

GR 300 de Couzon à Agonges


A la fin du chemin forestier, je prends une mauvaise direction et je ne trouve plus de balises ! 

Entre Couzon et Agonges

Entre Couzon et Agonges

Entre Couzon et Agonges

Entre Couzon et Agonges

Entre Couzon et Agonges

Je débouche sur une petite route et je ne sais plus où me diriger. J'arrête une des rares voitures qui passent pour demander mon chemin. 
Arrivée au carrefour avec une route plus importante, un panneau m'indique qu'il me reste 4,5 km jusqu'à Agonges par la route. Je n'ai pas le courage de faire demi tour pour retrouver  le chemin forestier que je devais emprunter et qui d'après mes rando-fiches n'était de toute façon que peu marqué. 
J'emprunte donc la route sous le soleil de l'après-midi. Pas d'ombre du tout... et je commence à être épuisée. 


Les derniers kilomètres sont une épreuve, je compte mes pas et je guette avec impatience les bornes kilométriques ! 
Une petite pause à l'ombre, à l'entrée d'une propriété et je repars, sans courage ! 

Par bonheur, alors qu'il me reste encore environ 2 km à parcourir, une voiture s'arrête à mon niveau. C'est le propriétaire du gîte dans lequel je dois séjourner. Il doit déposer son fils chez lui avant de me rejoindre à Agonges. Il me propose de prendre mon sac afin que je puisse terminer ma route plus légère ! Je ne me fais pas prier, et c'est d'un pas beaucoup plus léger et de meilleure humeur que je poursuis jusqu'à Agonges.   

Je suis à 500 mètres du bourg lorsque ce Monsieur repasse et me demande si je veux monter dans sa voiture. Je triche sur ces derniers mètres et j'accepte la proposition car je suis au bout de mes forces !   

Le gîte se trouve  sur la place du village, en face de la poste, c'est une grande et belle maison en U, toute restaurée qui appartenait autrefois au Monastère de Souvigny. Je devais avoir une chambre d'hôtes et c'est un gîte complet qui m'est proposé avec cuisine, séjour, salle d'eau et chambre sur la mezzanine, décoré et meublé dans le style des années 70, tout en orange et marron, des lampes aux coussins et aux tapis...  avec un magnifique jardin à l'arrière.  

Agonges.  Gîtes et chambres d'hôtes. La Locaterie Charbonnier

Agonges.  Gîtes et chambres d'hôtes. La Locaterie Charbonnier

Agonges.  Gîtes et chambres d'hôtes. La Locaterie Charbonnier


Je m'empresse d'aller prendre une douche pour apaiser mes courbatures. Il est encore tôt et il fait très beau. J'en profite pour étendre une petite lessive dans le jardin avant d'aller faire un tour dans le village, petit mais charmant. Il y a une auberge et une petite épicerie-dépôt de pain sur la place qui sont pour l'instant fermées. 

Agonges. Épicerie- Dépôt de pain


Agonges. Place du village


Agonges  appartenait au Moyen-âge à la Châtellenie de Bourbon. Le village détient le record d'Europe de la densité de châteaux ramenée au nombre d'habitants, avec ses treize châteaux dont le plus ancien est le château d'Augère que nous reviendrons visiter. 

Mairie d'Agonges. 

Mairie d'Agonges. 


L'église Notre-Dame d'Agonges fut édifiée au XIIème siècle au carrefour de trois diocèses et a suivi l'influence des écoles bourguignonne, auvergnate et berrichonne. 

Eglise Notre-Dame d'Agonges

Eglise Notre-Dame d'Agonges

Vue depuis l'Eglise Notre-Dame d'Agonges


Je repasse vers 17h30 à l'auberge qui est toujours fermée. Je frappe à la porte et la patronne me dit que l'établissement est fermé le mercredi et que l'épicerie est en cours de réapprovisionnement. Devant ma déception, elle accepte de m'ouvrir l'épicerie qui ne dispose que de quelques boîtes de conserve... Aucun produit frais ! J'achète une petite boîte de lentilles  et une bouteille d'eau. 

Je termine mon après-midi avec un livre, installée confortablement dans une chaise longue avant d'aller faire chauffer ma petite boîte de lentilles que je vais déguster avec le reste de mon crottin de chèvre et de ma baguette !   

Au cours de ce frugal dîner, Irma, la propriétaire du gîte arrive comme convenu afin de fixer l'heure du petit déjeuner de demain matin. Elle m'allume le poêle car il fait frais le soir dans la maison et nous entamons une discussion sur l'histoire de la maison et de sa restauration. Elle et son mari sont hollandais et sont en France depuis 2000 car ils ne supportaient plus le trafic et la pollution des Pays-Bas. Ici ils gagnent moins bien leur vie mais ils mènent une vie plus saine qui leur convient parfaitement. 

 Mon gîte à Agonges


Après mon petit dîner, je me prépare un grand bol de tisane que je savoure dans le canapé années 70 avec deux biscuits que j'avais emportés. Puis sur fond de chansons des années 50, je me love sous un plaid (orange !) avec mon livre ! 
L'odeur du bois qui brûle et les crépitements du poêle... Pas de réseau téléphonique, pas de liaison internet... La vie prend ici un autre sens et une autre saveur ! Allez vite au lit, demain le chemin continue ! 


Jeudi 28 septembre 2017: C'est déjà mon quatrième jour ! J'ai encore très bien dormi et je ne me suis réveillée qu'à 8h30 !   Vite vite une douche car mon petit déjeuner doit m'être servi à 9h.   Je reçois un message d'Irma me disant qu'elle sera en retard car leur cheval est très malade. Je range mes affaires et je me prépare un thé. Irma arrive et me prépare un petit déjeuner un peu plus consistant. Le cheval va être euthanasié cet après-midi. 

Et me voilà repartie. je passe devant une très belle propriété... 

Agonges

Agonges

Agonges


...avant de m'engager sur un chemin qui me mène au château de Clusors. 
Un sentier de sculptures propose des oeuvres contemporaines intégrées dans les paysages du Bourbonnais. Il suit le chemin de Saint-Jacques de Compostelle (GR 300) entre Agonges et Châtel-de-Neuvre. 

La première sculpture " De la pierre à l'éther" est l'oeuvre de Patricia Molins qui a accompagné sa sculpture du texte suivant :

"Quoi de plus méditatif qu'un chemin qui nous mène à nos pensées
Et où chaque caillou est un univers à lui tout seul ?
Laissons là nos troubles, et marchons, l'âme allégée,
Nous sommes sur le chemin des choses sacrées"

GR 300. D'Agonges à Saint-Menoux. Sculpture Patricia Molins
  
GR 300. D'Agonges à Saint-Menoux


Le château de Clusors a été édifié sur une motte. Il possède une tour carrée et une tour ronde du XVIème siècle.  Il propose des chambres d'hôtes qu'il nous faudra tester car le lieu est superbe ! 

GR 300. D'Agonges à Saint-Menoux

GR 300. D'Agonges à Saint-Menoux. Château de Clusors

GR 300. D'Agonges à Saint-Menoux. Château de Clusors

GR 300. D'Agonges à Saint-Menoux. Château de Clusors


J'aperçois à l'horizon Saint-Menoux et son église, ma destination suivante. 

GR 300. D'Agonges à Saint-Menoux



Le village de Saint-Menoux est situé à 1,5 km du château de Clusors. J'y arrive très vite et je m'offre une petite pause gourmande sur la terrasse de la boulangerie, face à la superbe église romane qui date du XIIème siècle. 


Saint-Menoux




La discussion s'engage avec la boulangère ... Mon statut de pèlerine solitaire facilite la conversation et les rencontres sympathiques. 


Saint-Menoux et sa boulangerie à l'ancienne


Au VIIème siècle, un moine irlandais du nom de Menulphus passa par le village alors appelé Mailly et y rendit son dernier soupir. Des miracles se produisirent alors et attirèrent de nombreux pèlerins. La dépouille du moine était réputée pour rendre leurs esprits aux personnes un peu dérangées. Le village fut renommé Saint-Menoux et une abbaye bénédictine fut créée au Xème siècle pour accueillir les pèlerins.  


Eglise de Saint-Menoux


De cette abbaye, ne subsiste aujourd'hui que l'église qui est une des plus belles du Bourbonnais. Il faut imaginer que dans le passé, le vaste enclos monastique occupait l'ensemble du bourg actuel.   


Eglise de Saint-Menoux


Eglise de Saint-Menoux



A l'intérieur de l'église se trouve le sarcophage du Saint appelé aussi débredinoire. Il contient encore une partie des reliques. Le sarcophage est percé d'un trou en demi-cercle dans lequel les bredins (simples d'esprit en patois bourbonnais)  viennent passer la tête pour y laisser leur folie ou leurs maux de tête. 


Eglise de Saint-Menoux. Le débredinoire

Saint-Menoux


Un petit tour aux toilettes publiques, très propres et c'est reparti pour 9 km en direction de Souvigny ! J'emprunte un chemin qui part de la fontaine à côté de la mairie, une fontaine qui a la réputation d'être miraculeuse ! 
Une dame m'accompagne un moment sur le chemin. 


GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny




Ah les bancs sont de véritables petits bonheurs !  Quelques minutes de repos sans avoir à enlever et remettre mon sac !  Il n'y en a hélas que très peu !


GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny


Je m'éloigne petit à petit de Saint-Menoux que je laisse maintenant sur ma droite. 

GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny


Je passe devant une nouvelle sculpture "L'enfant et l'Oiseau", oeuvre d'Eleanor Stride (2014). 


GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny. Sculpture Eleanor Stride

GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny. Sculpture d'Eleanor Stride


Je passe sur un chemin très boueux et très endommagé par le passage des tracteurs et de leurs pneus gigantesques. Il me faut redoubler de prudence pour éviter de marcher dans la gadoue ou de tomber ! 

Je fais une petite pause devant une maison, probablement une ancienne ferme, située dans une endroit paisible et isolé à souhait ! 


GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny

GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny


GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny


Encore une sculpture du chemin  avec cette "Colonne de vie" , oeuvre de Patrice Michel (2012) et ce texte qui l'illustre: 


"Dans l'esprit de la colonne du zodiaque de Souvigny, cette colonne évoque sur chacune de ses faces, le monde végétal, les saisons, le monde animal, les signes du zodiaque. Elle témoigne du temps présent et nous rappelle combien la nature peut être belle" 


GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny.  Sculpture de Patrice Michel


Juste avant de prendre la direction "Embourg", une nouvelle sculpture est l'occasion pour moi de faire une nouvelle pause. "Le retour du pèlerin" est l'oeuvre  d'Alain Bourgeon (2014). 


" En direction de Saint-Jacques
Pas à pas, jour après jour
Au rythme du bâton
Tu chemines.
Au rythme du bâton
Jour après jour, tu te dépouilles
Ta tête se vide, ton cœur s'ouvre
Sans te retourner, tu avances,
Ouvert à demain
Encombré, un jour tu es parti,
C'est un autre qui reviendra
Allégé, ouvert à l'essentiel"


GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny. Sculpture d'Alain Bourgeon


Les tournesols sont prêts à être récoltés ! 


GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny


GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny



Je passe devant le château d'Embourg qui date du XIXème siècle mais qui  possède encore une tour ronde à archères du XVème siècle et des communs du XVIIIème siècle. Le domaine offre des possibilités de location de bungalows, gîte, ferme et salle... On peut même louer tout le domaine pour une occasion spéciale. 


GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny. Château d'Embourg



Après Embourg et la Bouquetterie, je m'engage sur un sentier herbeux avec vue sur les champs de tournesols... 


GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny


GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny


GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny



A l'approche de Souvigny, une nouvelle sculpture "Arrête-toi", une oeuvre de Cama (2014) est accompagnée du texte suivant:


"Dans le monde des routes, un beau paysage signifie : 
Un îlot de beauté relié par une longue ligne à d'autres îlots de beauté.
Dans le monde des chemins
La beauté est continue et changeante;
A chaque pas elle nous dit "Arrête-toi"

Pas de problème, je suis à l'écoute du chemin, je m'arrête et mon dos me remercie! 

GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny. Sculpture de Cama


Il est près de 17h lorsque j'arrive à un carrefour à l'entrée de Souvigny. 
  
GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny


Un banc de fortune me permet de m'asseoir une minute avant d'entrer dans la petite ville et de me diriger vers la place Saint-Eloi...

GR 300 de Saint-Menoux à Souvigny


Je suis très heureuse d'entrer enfin dans Souvigny. J'admire les belles demeures, les portails, les jardins... et j'oublie un peu mon sac à dos et mes douleurs.  L'automne est bel et bien là !

Souvigny


Sur la Place Saint-Eloi, une autre sculpture du chemin m'invite à "La pause du pèlerin", une oeuvre de Frédéric Boiron (2012)

"Le pèlerin est à l'écoute, en lien étroit avec la nature,
Il est sur le passage, à la recherche de son chemin,
A la découverte de son paysage intérieur.
Le bâton, extension de sa main,
le soutient et le relie à la terre.
C'est l'arbre de vie qui organise le périple de l'homme.
Les racines au cœur de de la structure
Développent l'harmonie de l'homme dans la nature"

Souvigny. Sculpture de Frédéric Boiron


Souvigny, site clunisien, fut la première capitale du Bourbonnais.

Vers 915, Aymard, ancêtres des Bourbons, fit en effet don de Souvigny à l'Abbaye de Cluny. Un Prieuré bénédictin y fut fondé vers le milieu du Xème siècle. 
Saint Mayeul, deuxième faiseur de miracles de la chrétienté et Saint-Odilon, tous deux abbés clunisiens, moururent successivement en 994 et 1049 à Souvigny qui devint alors terre de pèlerinage.  

L'église prieurale Saint-Pierre et Saint-Paul édifiée dès le début du XIème siècle, fut agrandie au siècle suivant pour faire face à l'affluence des pèlerins. Elle fut restaurée au XVème siècle et reçut sa façade gothique flamboyant actuelle.  C'est le plus vaste édifice religieux du Bourbonnais. 

Souvigny. Eglise prieuriale


Je prends la direction de l'herberisterie  où je dois trouver un hébergement pour la nuit. 
Une série de bancs artistiques sont placés le long de l'ensemble monastique et je prends le temps de les photographier. Dommage de ne pas les avoir rencontrés le long du chemin !  

Les bancs artistiques de  Souvigny

Les bancs artistiques de  Souvigny

Les bancs artistiques de  Souvigny

Les bancs artistiques de  Souvigny

Les bancs artistiques de  Souvigny


L'herberisterie se trouve face aux magnifiques jardins du Prieuré. Une dame m'accompagne au dortoir... mais je ne me suis vraiment pas une pèlerine modèle et je ne me sens pas capable après des heures de marche, avec mon dos et mes jambes endolories, de dormir dans un lieu aussi sommaire et dans une pièce aussi triste !  heureusement il y a la ressource des chambres d'hôtes dont je fais le choix !  J'ai trop besoin de confort et de réconfort ! 

Souvigny. Entrée de la porterie et de l'herberisterie


Souvigny. L'herberisterie

Souvigny. La Porterie. Herberisterie et chambres d'hôtes


Après une bonne douche, je fais un petit tour dans la petite ville dont nous avions,  il y a quelques mois,  effectué la visite... 

 Souvigny

Souvigny. l'église prieurale


Le Duc Louis II avant de mourir à Montluçon en 1410 fit construire un mausolée dans l'église prieurale, pour dernière demeure. Son gisant et celui de son épouse se trouvent dans la chapelle vieille. 

Souvigny. l'église prieurale


La façade occidentale du Prieuré date du XVIIIème siècle. Le bâtiment était destiné à la porterie et à la salle des hôtes. 

Souvigny. Façade occidentale du Prieuré

Souvigny. Rue du Chapeau rouge


Je me rends jusqu'à Intermarché afin de m'acheter de quoi dîner et me restaurer sur le chemin demain midi. 
Je dîne sur la terrasse en face des jardins du Prieuré et j'assiste au coucher du soleil au-dessus des toits de la ville. Un instant magique ! 

Coucher de soleil à Souvigny

Coucher de soleil à Souvigny


Puis je me réfugie dans ma jolie chambre dans laquelle je redécouvre les attraits du monde moderne (ou du moins ses tentations) : télé, wifi !  Un bon livre prépare pourtant mieux au sommeil ! 

 Ma chambre d'hôte à Souvigny



Vendredi 29 septembre 2017:  Après une nuit un peu plus mouvementée,  un délicieux petit déjeuner m'est servi dans la salle. Je rassemble mes affaires et c'est reparti pour une cinquième journée de marche. 29,3 km m'attendent normalement aujourd'hui car je n'ai pas trouvé d'hébergement intermédiaire ... Je ferai ce que je pourrai car Jp qui termine ce soir son séminaire pourra me récupérer en route ! 

J'emprunte un chemin fréquenté par les vaches au vu des nombreuses bouses que j'évite soigneusement ! 
Vaches bourbonnaises blanches, puis tiens, quelques brunes, des moutons, un cheval, des fermes ... et des sculptures... 

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre


Une première pause sur mon indispensable petit tabouret devant ma première sculpture du jour " Barrière pèlerine", oeuvre de Michel Mazzoni (2014) accompagnée de ce long poème:

"Ils sont comme les arbres en marche
Vers Saint-Jacques qui les reçoit à l'horizon
Leurs ombres projettent une disparition
D'un temps sans âge
Lentement sans erreur ils vont
Par des chaînes de bois, de foi et de nuage
Ensemble telle une forêt d'horizons
Ils étaient devant, ils étaient derrière
Que puis-je ajouter à cette barrière ?
Mais maintenant qu'elle est créée
Son image en moi est imprimée. 
Les personnages, ils sont quatre
O' Sagesse de Socrate !
Ils sont venus de la montagne
Fils du vent et de la tramontane
Leur visage de force et de sourire
Imprime leur pas d'éternité.
Ils transportent avec eux un je ne sais quoi de santé. 
Ils sont des cèdres, devenus barrière de liberté.
Que suis-je pour pouvoir quelque chose y ajouter ?
Ils étaient devant moi
Parfois derrière
Mais maintenant qu'elle est créée
Son image en moi est imprimée"   

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Sculpture de Michel Mazzoni


J'ai déjà chaud bien que le ciel soit encore couvert. La journée devrait être la plus chaude de la semaine avec des températures estivales. 
Allez, en route ! 

Je passe le long d'un étang. 

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre


Je traverse le hameau des Brelans et j'admire sculptures et bancs en pierre (qui me permettent de me poser quelques minutes). 

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Les Brelans

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Les Brelans

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Les Brelans

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Les Brelans

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Les Brelans

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Les Brelans


J'entre dans la forêt domaniale des Prieurés-Moladier et je m'offre une nouvelle petite pause près d'une sculpture du chemin "Faisceau", une oeuvre de Marc Averly (2012) accompagnée d'extraits de "Se promener dans une forêt imaginaire" de Roger-Pol Droit. 

"Imaginez simplement que la forêt est votre âme...  
Tout s'est retourné,
Vous êtes en train de déambuler à l'intérieur de votre pensée...
Libre à vous de tirer de lourdes conséquences de ce jeu sylvestre.
Il peut suffire de n'en retenir qu'un point de méthode.
L'imaginaire n'est jamais, et n'a pas à être, quelque chose qui s'ajoute au réel...
C'est toujours la réalité elle-même qui'il faut rendre imaginaire"

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Sculpture de Marc Averly



Courage petite tortue qui porte ta maison sur ton dos, poursuis ton chemin, ne pense plus à rien, regarde juste autour de toi et veille à ne pas louper de balises ! 

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre


Encore une sculpture du chemin "Terre d'arbres" de Marc Mugnier et ce petit poème:

"Terre d'arbres
Matière de la vie
Chemin aérien infini
Suspendu sous nos pas
Ne l'écrasons pas
Soyons légers
Comme une caresse
Sur celle qui nous accueille 
Au sein de son aventure"

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Sculpture de Marc Mugnier


Un abri de fortune avec une table de pique-nique me tendent les bras mais il y fait un peu trop sombre pour déjeuner. Une nouvelle petite pause est toutefois salutaire ! 

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre


J'effectue ma pause déjeuner devant un panneau qui m'indique qu'il me reste 17 km jusqu'à Châtel-de-Neuvre. J'avance tout doucement, telle une tortue mais l'objectif n'est pas d'aller au-delà de mes forces mais de m'offrir une petite parenthèse avant mon intervention. Une nouvelle sculpture se trouve près du panneau " En chemin", une oeuvre d'Eric Robbiola, accompagnée de ce texte:

"Des corps identiques qui vont d'une même démarche
Le cheminement de pèlerins,
En un lieu du chemin, de ceux qui sont passés par là
Et ceux qui y passeront. 
Le cheminement de pèlerins sur les chemins du temps
De ceux qui les ont précédés
Et ceux qui les suivront.
La réunion des chemins de rencontre
Qui vont dans la même direction
Et poursuivent leur but.
Une exclamation, une anomalie, un cercle d'albâtre et l'individu se distingue
Libre dans la communauté des cheminants"

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Sculpture d'Eric Robbiola


C'est le tout début de l'automne et je vois déjà les feuilles virevolter une à une avant de terminer leur course sur le chemin que bientôt elles tapisseront de leurs jolies couleurs  ocre, marron, orange ou rouge...
Bon c'est bien beau de regarder les feuilles virevolter, mais il me faut repartir courageusement ! 

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre


Je passe devant le château des Foucauds, une ancienne maison forte dotée d'une grosse tour ronde et d'une autre à canonnières qui date du XIVème siècle. Le reste de la bâtisse est du XVIIème siècle. 

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Chpateau des Foucauds


Je poursuis mon chemin et je passe le long d'un étang. 

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre


J'arrive devant une nouvelle sculpture "Les souliers de Saint-Jacques", une oeuvre de Michel Mazzoni, accompagnée de ce poème:

 Pas à pas
"Les pas qui marchent pas à pas
Sur les routes
Vivants et joyeux
Ces pas qui goûtent
Le bonheur de la terre
De cette herbe qui pousse irrégulièrement
De toute cette vie de fleurs
Qui embaume les champs et les bois
Mes pas vous êtes là ?
Pas à pas
Légers dans l'air, vous semblez voltiger
Fous, au cœur joyeux
Et cette face réjouie 
Semble vivre un rêve 
Où seul pas à pas
L'on semble et ressemble aux oiseaux"

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Sculpture de Michel Mazzoni 


... Puis devant un nouvel étang...  

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. 


Je longe maintenant le vignoble de Saint-Pourçain qui commence à se teinter, lui aussi,  juste après la fin des vendanges,  de ses belles couleurs automnales. 

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Vignoble de Saint-Pourçain


Je traverse la D65  et je continue en face jusqu'à une croix...   

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre


... Et une nouvelle sculpture "Le gardien du chemin", oeuvre de Franceleine Debellefontaine et Barnabé Laye, accompagnée de ce petit texte:

"Je suis le gardien du chemin...
Toi mon ami, par les sentiers, par les labyrinthes,
Tu marches comme une prière,
Tu ne sais quelle étoile te guide,
Tu marches
Sur quel chemin ?
Celui qui conduit vers toi ?" 

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Sculpture de Franceleine Debellefontaine et Barnabé laye


Avant de poursuivre ma route, je m'arrête à l'entrée du hameau des Thévenots ,  et comme il fait très chaud, je frappe à la porte d'une maison pour faire remplir ma petite bouteille d'eau. Une dame m'accueille très gentiment et discute un moment du chemin avec moi. Elle envisage de faire avec une amie le trajet que j'effectue aujourd’hui. Elle me demande si je n'ai pas peur de marcher seule ! C'est à vrai dire une question que je ne me suis pas véritablement posée. je ne me suis jamais sentie en insécurité même si j'ai traversé plusieurs bois et plusieurs forêts !  

Je passe au-dessus de la RCEA, la route la plus meurtrière de France, avant de m'engager sur un chemin de terre pendant 2 km. 

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre


GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre


Me revoilà au milieu du vignoble de Saint-Pourçain. 

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre


Une toute petite grappe a été oubliée lors des vendanges !  

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre


Encore une sculpture du chemin "Le totem de Saint-Jacques", oeuvre d'Alain Bourgeon et un grand dialogue qui me laisse bien perplexe !

"Ah que c'est beau !
- Qu'est-ce que ça représente ? C'est n'importe quoi, ça veut rien dire.
- C'est une des sculptures évoquant le pèlerinage. 
- Oui... mais ça représente quoi ? ça ne me parle pas ce machin... N'importe qui peut en faire autant. refilez moi un bon poste à souder... et moi, j'vous empile des triangles !
- Mais enfin...vous voyez bien que c'est un Christ en croix... ce mât évoque le montant du calvaire. Les deux bras sont symbolisés par cette accumulation de triangles, ces pointes acérées évoquent la couronne d'épines et la lance qui perça les flancs su Seigneur; La coquille c'est la tête, et ses tranches figurent les pages ouvertes du livre saint contenant l'enseignement du Christ... C'est limpide...
-Voyez-vous, moi je pense que cette sculpture est tout simplement l'illustration du chemin. Ces formes triangulaires orientées d'un côté vers la gauche, de l'autre vers la droite expriment une dynamique, le mouvement. Elles représentent les milliers de pèlerins en marche, qui pour expier, qui pour quémander, qui en quête de Dieu, sous la pluie cinglante, les bourrasques de neige ou la morsure du soleil brûlant, à l'aller comme au retour, ont pendant des siècles sillonné la route de Compostelle. 
Ces cohortes de formes sont surmontées de l'emblématique coquille, le point de mire qui régulièrement balise le mythique chemin

Tout à tour, chacun se fit prendre en photo au pied de la sculpture, et gaillardement, nos trois pèlerins repartirent joyeux, en direction de leur prochaine halte"  

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Sculpture d'Alain Bourgeon

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre

J'arrive au château ou manoir de Soupaize qui tire son origine d'une petite maison-forte caractéristique des constructions du XVème siècle dans le centre du Bourbonnais: un logis quadrangulaire avec tourelle accolée et tourelle d'escalier en façade. Le château est entouré de communs qui forment une cour fermée. 
Soupaize fut la propriété du professeur André Chantemesse (1851-1919), médecin et biologiste, élève de Pasteur, qui mit au point un premier traitement de la typhoïde. 

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Château de Soupaize

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Château de Soupaize

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Château de Soupaize

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Château de Soupaize

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Les communs du Château de Soupaize

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Château de Soupaize

GR 300 de Souvigny à Châtel-de-Neuvre. Château de Soupaize


J'ai  parcouru un peu plus de 20 km et je suis arrivée au bout de mes forces. Jp qui a terminé son séminaire est arrivé à proximité de Chemilly. Je lui donne rendez-vous devant le château et nous nous rendons en voiture jusqu'à La Ferté- Hauterive, un village situé à  2 km de Châtel-de-Neuvre et où j'ai réservé une chambre d'hôtel. 
Je prévois de repartir demain matin depuis le château de Soupaize afin de poursuivre le chemin, allégée d'une partie du contenu de mon sac ! 

Cela me fait tout drôle de monter dans la voiture au lieu de continuer à marcher  mais je suis vraiment exténuée  et j'ai bien du mal à me tenir droite !  

Hôtel Les Mûriers à La Ferté-Hauterive


Une bonne douche, un bon dîner en bonne compagnie... Je reprends un peu de forces et je suis prête à reprendre la route demain mais de la pluie est annoncée pour jusqu'à au moins lundi... Alors je me dis que je verrai demain matin... 

Samedi 30 septembre 2017:  La pluie annoncée arrive effectivement... Je n'ai vraiment pas le courage de l'affronter à nouveau... 



Et puis, mon dos et mes épaules ont beaucoup souffert au cours de ces cinq jours et il est plus raisonnable de m'arrêter et d'arriver à peu près en forme pour mon intervention du 12 octobre.





C'est avec regret mais un peu de soulagement que nous regagnons la maison, j'ai parcouru environ 80 km en cinq jours, ce qui représente une moyenne de 15 km par jour. Ce n'est pas un exploit mais avec le poids de mon sac, c'est tout de même un bel effort. Je suis contente d'avoir tenté cette expérience qui m'a permis de vivre à un autre rythme, d'oublier les petits tracas du quotidien, de me trouver face à moi-même... Seuls la pluie et le poids de mon sac ont gâché cette marche mais en compensation, l'arrivée aux étapes et les multiples pauses ont été de véritables instants de bonheur ! J'ai adoré profiter de la lumière des différents moments de la journée, traverser des hameaux, des villages... j'ai apprécié la diversité de tout ce que j'ai pu voir tout au long du chemin: forêts, sentiers agricoles, fermes, bocage, vignes, champs, étangs, châteaux, sculptures... ainsi que la gentillesse des personnes rencontrées. 

J'ai très envie de renouveler l'expérience seule ou à deux mais il me faut avant tout analyser le contenu de mon sac à dos afin de l'alléger ou trouver d'autres solutions pour transporter mes affaires.  Cette réflexion fera l’objet d'un prochain article.