mercredi 27 octobre 2021

Avec ma maison sur le dos... Cinquième étape... 29 au 30 septembre 2021. La Ferté-Bernard (72)

 Mercredi 29 septembre: Après avoir quitté Saint-Martin-du Vieux-Bellême, nous quittons le département de l'Orne pour nous rendre à la Ferté-Bernard dans la Sarthe. 
Nous avons repéré sur notre guide une aire de camping car qui pourrait constituer une étape pour la nuit, mais en arrivant, nous constatons que cette aire se situe en bordure de route et près d'un Mac-Donald. Nous ne nous voyons pas du tout rester là.  Jp profite de l'aire pour vidanger les eaux grises, faire le plein d'au et vider la cassette des toilettes, puis nous recherchons un camping. Le plus proche se trouve à Authon-au-Perche, à 23 km de La Ferté-Bernard... Nous nous y rendons après avoir pris soin de téléphoner au préalable. 
Le camping est tranquille, bien que situé non loin de l'autoroute. Nous y sommes seuls et nous bénéficions d'un emplacement avec branchement électrique pour la modique somme de 12 euros.  Nous parvenons même à connecter notre petite télévision. Comme nous n'avons pas emporté de prise multiple en 12 volts, nous apprécions de pouvoir recharger sans difficulté la batterie de l'appareil photo, nos deux téléphones, l'ordinateur et de brancher le respirateur de Jp...  



Jeudi 30 septembre:  La nuit a été bien tranquille. Je constate que nous dormons bien malgré la petite taille du lit et l'espace réduit de l'habitacle. Mais il nous faut impérativement ouvrir le hublot pour renouveler l'air et ne pas nous réveiller avec des maux de tête.   
Jp apprécie de pouvoir prendre une douche aux sanitaires du camping, notre toute petite douche est un peu étroite pour lui. Moi, je trouve plus de confort à la prendre dans le camping car ! 
Après avoir procédé aux différentes opérations techniques (rangement, après séchage de la couverture, des cales, du câble électrique) et effectué un ménage rapide indispensable dans notre petit espace, nous reprenons la route de La Ferté-Bernard. 
Nous trouvons facilement où stationner à l'écart de la vieille ville que nous partons découvrir. 

La Ferté-Bernard est surnommée la "Petite Venise de l'ouest" en raison de ses nombreux ponts et passerelles qui permettent de franchir l'Huisne.







La naissance de la ville résulte de la création d'un site défensif, au sein de la vallée marécageuse de l'Huisne et à proximité d'un carrefour de voies anciennes. 
Avesgaud, évêque du Mans et fils du Comte du Perche, fonde vers 1027, une forteresse placée à l'embranchement des deux bras de l'Huisne. L'ensemble forme un quadrilatère irrégulier de près de 450m de long, entièrement entouré d'eau. La communication vers l'extérieur s'effectue par deux portes, l'une à l'Ouest, la porte Saint-Julien et l'autre à l'Est, la porte Saint-Barthélémy. Ne subsiste aujourd'hui que la porte Saint-Julien, la porte Saint-Barthélémy ayant disparu vers 1835-1836.  




Mentionnée pour la première fois en 1476, la porte Saint-Julien existe probablement depuis l'origine de la fortification. L'édifice actuel a été reconstruit en même temps que l'enceinte vers 1480. Formée d'un corps de bâtiment carré traversé par deux passages charretier et piétonnier fermés de ponts-levis, herse et portes, elle est défendue par deux grosses tours surmontées d'un chemin de ronde à créneaux et mâchicoulis. Sa vocation militaire fut abandonnée après le siège de la ville en 1590 et elle abrita l'hôtel de ville de 1703 à 1907. 





Le château de La Ferté, mentionné vers 1025-1036, amputé de sa portion d'enceinte vers la ville et de son logis, fut donné à Louis d'Orléans, frère du Roi, qui reconstruisit certains bâtiments et forma un ensemble fortifié capable de résister 4 mois au siège anglais de 1425-1426. 
La baronnie passa entre les mains de la famille d'Anjou, entre celles de Louis XI puis celles des ducs de Guise avant d'être rachetée par Richelieu en 1641. 
Le château fut presque totalement détruit dans la première moitié du XIXème siècle.
Ne subsistent aujourd'hui qu'une partie du logis du XVème siècle et la chapelle Saint-Lyphard qui était située dans la cour du château et adossée à l'enceinte. Son origine remonte partiellement à l'époque romane.  




La chapelle était déjà dédiée à Saint-Lyphard en 1392, lorsque Louis d'Orléans devint Seigneur de La Ferté-Bernard. Il la restaura et la fit agrandir. Elle subit de multiples transformations par la suite. Désaffectée dans le courant du XVIIIème siècle, elle fut vendue puis acquise par la ville et classée au titre des monuments historiques en 1981. 





Nous poursuivons notre déambulation à travers les rues et ruelles de la vieille ville. Les maisons les plus anciennes datent de la fin du XVème et du début du XVIème siècle. Ces constructions mêlant pans-de-bois et maçonneries de moellons enduits furent remaniées au fil du temps. 

La cour de la chaussumerie est signalée par un personnage sculpté supposé porter un sac de chaux sur l'épaule en guise d'enseigne commerciale. 
















L'église Notre-Dame-des-Marais, joyau du gothique flamboyant,  fut édifiée sur des marais asséchés de 1450 à 1623. Sa restauration a été entreprise en 2017 pour une durée de 7 ans.





Les halles édifiées à la fin du Moyen-âge avaient une double fonction commerciale et judiciaire. Le rez-de-chaussée était dévolu à la vente de toiles, de grains et de viandes et l'étage comprenait deux pièces, une salle d'audience utilisée pour l'exercice de la justice seigneuriale et les assemblées du conseil des habitants et une salle des pas perdus. 
Restées propriété de la famille Richelieu sous la Révolution, les halles furent rachetées par la commune en 1810. L'étage servit à la justice de paix au XIXème siècle mais le rez-de-chaussée n'était plus utilisé pour le marché d'où le projet d'y établir une salle des fêtes en 1899. Les halles ont été restaurées en 2007. 





Notre visite se termine et nous partons retrouver notre maison roulante. Nous ne manquons pas d'admirer au passage la Tour Pelletier, reconstruite  vers 1460. Son artillerie protégeait l'angle est des remparts de la ville. 




Nous reprenons notre route d'escargots en direction du village de Montmirail... 

dimanche 24 octobre 2021

Avec ma maison sur le dos... Quatrième étape... 29 septembre 2021. Nocé et Béllême (61)

 Mercredi 29 septembre : Après avoir quitté le charmant et étonnant village de La Chapelle-Montligeon, nous poursuivons notre périple dans le Perche et nous nous rendons dans le village de Nocé, situé seulement à 14 km... Pas de doute, nous avançons vraiment à la vitesse d'un escargot 😀 
Nous trouvons à nous garer sur un grand parking et nous partons à la découverte du petit village qui culmine sur l'ancienne route royale de Paris au Mans. 
L'église Saint-Martin, d'origine romane (XIIème siècle) domine le bourg. Elle a été modifiée au XVIème siècle avec l'ajout de deux chapelles seigneuriales et l'édification de sa tour carrée. Son clocher a été recouvert, comme à l'origine, de bardeaux de châtaignier. 




Le territoire de la commune est surtout riche en manoirs, comme celui de Courboyer, qui abrite depuis l'an 2000 le siège de la maison du parc naturel régional du Perche. 
Nous nous y rendons et nous trouvons le manoir en travaux, mais l'impressionnant échafaudage mérite à lui seul le détour.   
Bâti à flanc de coteau, le manoir de Courboyer date de la fin du XVème siècle. C'est l'un des plus beaux du Perche. 





   
 En regagnant notre véhicule, nous admirons au passage quelques percherons. 





Nous nous rendons maintenant à Bellême, classée dans les petites cités de caractère de l'Orne. Les origines de la cité remontent à l'Antiquité, le peuplement primitif étant alors probablement situé autour du lieu-dit "Le Vieux Bellême", ainsi que dans la forêt.  Le nom de la cité viendrait de celui de la déesse gauloise Belisama, déesse du feu et des artisans. 
A partir du Xème siècle, les premiers seigneurs de Bellême firent construire leur château à l'emplacement de l'actuel cœur historique de la cité. 
En 1112, Bellême fut rattachée au tout jeune comté du Perche. 
En 1229, Blanche de Castille, régente du royaume, accompagnée du jeune Louis IX, futur Saint-Louis, assiégea Bellême pour stopper la rébellion menée par Pierre Mauclerc, comte de Bretagne.




Le château et ses fortifications, ruinés, ne seront jamais complétement reconstruits mais Bellême restera considérée comme la capitale du Perche jusqu'au XVIème siècle. 




  
Bellême se trouvait sur la route royale reliant Paris au Mans avant d'être détrônée à partir de 1752 par la route de Paris à Nantes via La Ferté-Bernard. 



Cette route était baptisée "la route des carrosses" 
 
"Mal suspendus, coches ou carrosses sont lents, allant au trot ou marchant au pas des chevaux. Circulant de jour, la voiture doit s'arrêter pour la "couchée" avant la tombée de la nuit. 
A mi-étape, les voyageurs font une pause déjeuner prolongée "la dînée". 
Au rythme d'une lieue à l'heure environ, l'avance quotidienne est de 40 à 50 km, sauf imprévu ou accident "... Bref au même rythme que nous, en gros ! 😃




En 1765, la voiture de messagerie d'Angers mettait 4 jours et demi pour rallier Paris au Mans ! 

Les diligences, mieux suspendues et plus légères furent plus rapides grâce à l'utilisation des relais de poste. Elles firent 2 à 3 fois plus de chemin en 24 heures que les carrosses.  

La route royale fut réaménagée en 1770 par la volonté du Roi Louis XV, qui modernisa de réseau routier français au départ de Paris. Certains tronçons sont restés quasiment dans leur état d'origine. Leurs fortes pentes, dos d'âne et tracés sinueux témoignent des efforts que devaient fournir les diligences pour gravir les fameuses collines du Perche.  

Mais poursuivons notre visite de la cité... vite avant la pluie !  et après avoir déjeuné tranquillement en plein centre-ville dans notre maison roulante !




 





Siège d'un baillage, Bellême vit  se développer sous l'ancien régime, une société composée de gentilshommes, d'hommes de robe et de riches négociants, qui firent bâtir de nombreux hôtels particuliers, reconnaissables généralement à leurs porches. 



   

La porte Saint-Sauveur est la seule survivante de l'ancienne ville close qui encerclait la cité sur près de 800 mètres. 


 
 



L'ancienne chapelle Saint-Sauveur, fondée au XIème siècle par les seigneurs de Bellême, fut profondément remaniée pendant la seconde moitié du XVIIème siècle. 







Nous admirons le retable à six colonnes et sur le fronton de sa corniche, un Christ ressuscité
 




Les halles furent construites en 1817 à l'emplacement de l'ancien château des Talvas détruit à partir de l'an XIII. Elles furent transformées en salle des fêtes vers 1901. 




Notre visite de la cité de Bellême se termine dans le quartier Boucicaut qui vit naître Aristide Boucicaut (1810-1877), fondateur du "Bon Marché" à Paris, et considéré comme le père du commerce actuel.  
Aristide Boucicaut n'est pas sans rappeler le personnage créé par Emile Zola, Octave Mouret dans son roman "Le Bonheur des Dames"  publié en 1883. 

La maison natale d'Aristide Boucicaut dans laquelle son père était chapelier,  est encore visible à l'angle de la place Boucicaut.


   

Sur l'actuelle place Boucicaut, se situait autrefois l'Hôtel-Dieu fondé par Robert Talvas, un des premiers seigneurs de Bellême. Cet établissement fut détruit en 1863 après la construction d'un nouvel hôpital. La Place Saint-Pierre fut aménagée à cet emplacement avant d'être rebaptisée du nom d'Aristide Boucicaut dont un buste fut inauguré le 15 septembre 1912. 


 

En 1874, Aristide Boucicaut fit bâtir une villa au fond de la place. Cette propriété léguée à l'Assistance Publique, devint selon le souhait de sa veuve, un hospice pour femmes âgées de 1904 à 1967. 






Nous regagnons notre maison roulante et nous nous rendons à moins de 2 km de Bellême dans le village de Saint-Martin-du-Vieux-Bellême. 

C'est dans l'église de ce village, qui appartenait à un ancien Prieuré Bénédictin construit à partir du XIème siècle, que le futur roi Saint-Louis assistait à la messe pendant le siège de la ville de Bellême par sa mère Blanche de Castille. 





 
Ici s'arrête pour l'instant notre visite du Perche. Nous poursuivons notre route en direction de La Ferté-Bernard, dans la Sarthe.