vendredi 3 décembre 2021

Avec ma maison sur le dos... Dixième étape... 5 au 6 octobre 2021. Poitiers et Vivonne (86)

Mardi 5 octobre: Nous avons passé une bonne nuit malgré une circulation assez importante au matin, autour du champ de foire.  Le temps est à la pluie, nous en profitons pour nous consacrer à la corvée lessive. A 800 mètres, se trouve un centre commercial Auchan avec laverie automatique. 
De plus en plus de supermarchés sont équipés, sur leur parkings de machines à laver et de sèche-linges, ce qui est assez pratique lors d'un périple en camping car. Nous pouvons nous garer au plus près des machines et rapporter au fur et à mesure le linge sec à plier sur le lit ! Nous pouvons également profiter de ce moment pour faire quelques courses, nous préparer une boisson chaude... C'est presque plus pratique que dans les campings... Par contre comme il n'est pas possible de faire sécher du linge dans le camping-car, il faut tout passer au sèche-linge, c'est le plus long ! Il ne faut pas que les vêtements soient trop fragiles car certains  rétrécissent !  C'est ainsi que je récupère un polo de Jp devenu trop petit !  Nous serons plus prudents la prochaine fois dans le choix de notre garde-robe... Des vêtements résistants, qui sèchent vite et qui ne nécessitent pas de repassage...  Sans vouloir citer de marque, du Quechua, c'est parfait... On oublie l'élégance et on adopte l'uniforme du camping-cariste: les vestes polaires en polyester recyclé 😃... En plus, c'est respectueux pour la planète ! 

Et voilà, jeans et linge de couleur lavés, séchés et rangés ! 

Nous prenons la route de Poitiers. Nous avons repéré un camping très proche de la ville, le camping du Futur à Aventon. Nous nous y rendons aussitôt afin de réserver un emplacement, le trajet est de seulement 24 km. Le camping est parfait. La personne à l'accueil nous remet un plan de Poitiers et nous indique un parking gratuit situé à 7 km du camping qui permet de rejoindre le centre-ville de Poitiers en vélo ! 
Aussitôt dit, aussitôt fait, nous trouvons sans difficulté "le parking de la Demi-Lune", nous nous garons assez facilement et nous enfourchons nos vélos pour un petit trajet de 3,5 km... Il y a une belle montée sur la fin, mais c'est tout de même faisable 😉 !   En tout cas, nous ne regrettons pas d'avoir acheté nos vélos, compléments indispensables pour notre périple !  

Arrivés dans le centre-ville, nous garons nos vélos et nous nous rendons à l'office du tourisme afin de nous procurer un plan avec circuit de visite. 

Poitiers, "la ville aux 100 clochers", classée ville d'Art et d'Histoire", est la capitale de la région culturelle et historique du Poitou. C'est une grande ville universitaire depuis la création de son Université en 1431, qui a accueilli  d'illustres étudiants tels que René Descartes, Joaquim du Bellay, François Rabelais...  

Nous commençons par explorer la Place Charles-de-Gaulle qui se déploie tout autour de Notre-Dame-la-Grande qui est de toutes les églises de la ville la plus représentative de l'art roman poitevin des XIème et XIIème siècles. 
Les motifs finement sculptés de sa magnifique façade narrent des épisodes de la Bible. 






Au-dessus, se tiennent les douze apôtres, nichés dans leurs arcatures, et trônant sur cet ensemble, le Christ dans sa mandorle.  




      


En pénétrant à l'intérieur de l'église, nous sommes subjugués par les couleurs vives des parois, voûtes et colonnes de la nef,  qu'en 1851 le Curé fit repeindre. Ces peintures rappellent la polychromie qui devait exister à l'époque romane. 







Des peintures murales du XIIIème siècle subsistent sur la voûte du Chœur





Dans la chapelle du Fou qui date de 1475, nous découvrons une impressionnante mise au tombeau en pierre polychrome du XVIème siècle. 









Le quartier a conservé de nombreux hôtels particuliers que nous découvrons au fil des rues. 

A l'angle de la rue de l'Université et de la rue de la Tête noire, l'hôtel "Le Toisé" fut mentionné dans un manuscrit de 1691. Ce logis existait  dès le XVIème siècle. Il était implanté sur un terrain appartenant aux religieux de Notre-Dame-la-Grande. On distingue son haut pignon et son décor en forme de crochets qui souligne la pente du toit ainsi qu'une petite fenêtre d'angle de style Renaissance. 





Rue des Flageolles, construit sur les vestiges de l'enceinte gallo-romaine, l'Hôtel Royrand est typique des demeures que se firent construire les notables à la fin du XVème siècle. Nicolas Royrand, maire de Poitiers en 1485, fut lieutenant général de la Sénéchaussée du Poitou, un des plus hauts postes de l'administration royale. 






Nous arrivons Place de la Liberté , sur laquelle les malfaiteurs étaient autrefois cloués au pilori ou guillotinés. 
La place accueillait au début du XIIème siècle le Marché Neuf qui constituait l'un  des centres de la vie de la Cité. Le quartier perdit sa fonction commerciale à partir du XVème siècle. 

La Révolution installa sur la Place la guillotine qui servira encore lors de l'exécution du Général Jean-Baptiste Breton en 1822. Ce dernier complota contre Louis XVIII et inspira la conspiration de Thouars et de Saumur. Il mourut en criant "Vive la Liberté" et c'est en son honneur que la place prit le nom de Place de la Liberté en 1900. 




 

Au  fond de la Place, notre regard est attiré par les belles ferronneries dorées des garde-corps d'une maison du XVIIIème siècle. 

  




Au 8, rue René Descartes, l'hôtel Fumé fut construit entre la fin du XVème siècle et le début du XVIème siècle pour une famille de magistrats, les Fumé. Un témoignage de l'architecture gothique flamboyante. 






Nos pas nous mènent sur la Place Charles VII, récemment rénovée et sur laquelle trône un drôle de crocodile qui fait écho à la légende poitevine d'un crocodile empaillé qui figurait autrefois dit-on sur les grilles du palais des Comtes de Poitou. 





Juste derrière le crocodile, une maison du XVIIIème siècle dont la corniche soigneusement moulurée, la disposition des fenêtres et  l'emploi judicieux de la pierre de taille accentuent l'effet d'horizontalité de la place. 
Les fenêtres sont surmontées de motifs végétaux. 
L'immeuble s'appuie contre la chapelle des petits Jésuites qui doit son nom aux Pères Jésuites d'Hibernie, ou Petits Jésuites. D'origine anglaise, ils sont restés à Poitiers jusqu'au renvoi des Jésuites en 1762. 





Nous poursuivons notre visite par la rue des Vieilles Boucheries qui rappelle par son nom la présence des boucheries en ce lieu. . 
Au Moyen-Age, les rues portaient effectivement souvent le nom des corporations qui y commerçaient. 
A Poitiers, étaient installés les grands bouchers qui débitaient les "viandes nobles" (bœuf, veau, mouton et porc) et les petits bouchers qui vendaient les "mauvaises viandes" (vaches, chèvres, truies et béliers). 
La rue était envahie les jours de marché par les étals de regrattiers tout proches (revendeurs de marchandises diverses). 


 

 La rue a conservé ses belles façades à pans de bois dont l'ossature est généralement en chêne et le remplissage entre les bois est en pierre, brique ou torchis. 




Nous voici de retour devant l'ancien Palais de justice, devant lequel nous avons laissé nos vélos. 

Ancienne résidence des Comtes de Poitou et Ducs d'Aquitaine, elle affirmait leur autorité qui s'étendait au XIIème siècle de la Loire au Pyrénées. L'édifice remplissait également une fonction militaire et était accolé au mur d'enceinte antique érigé vers la fin du IIIème siècle ou le début du IVème siècle. 
Construit sur une motte artificielle dès le XIème siècle, époque du premier château, le Palais fut jusqu'au XIIIème siècle, entouré de fossés. L'accès principal se faisait par un pont de pierre situé à l'est. 
Les rues des Cordeliers, du Marché de Notre-Dame et de la Regratterie conservent l'empreinte du tracé circulaire des fossés médiévaux. 




   

Nous pénétrons à l'intérieur du Palais et nous découvrons la grande salle d'apparat qui fut réalisée au XIIème siècle . D'importants travaux y furent effectués à partir de 1388. 
De 1418 à 1436, alors que Poitiers était devenue une des capitales de la France, la salle hébergea le parlement du royaume. 







La salle abrite actuellement une exposition sur la BD espagnole et hispano-américaine. 






Octobre rose dans les rues de Poitiers... 






Notre fin d'après-midi se termine sur la terrasse d'une épicerie corse que nous avons repérée lors de nos déambulations à travers la ville 😉  





Il nous reste à reprendre nos vélos et à affronter la montée pour retourner au parking de la Demi-Lune... Sans oublier de nous arrêter pour admirer le coucher du soleil 😃 






Puis nous reprenons la route vers le camping du futur... 



Mercredi 6 octobre: Après une nuit bien tranquille, nous profitons de notre présence au camping pour utiliser les sanitaires qui sont parfaits, pour faire la vidange et le plein d'eau et nous repartons stationner notre maison roulante sur le parking de la Demi-Lune. Nous reprenons nos vélos afin de  regagner le centre-ville de Poitiers et poursuivre notre visite. 





Nous repassons derrière l'arrière du Palais. 





Au 35, de la rue du Marché-Notre-Dame, l'ancienne chambre de commerce est devenue la Résidence Hermès. La porte est surmontée du blason de Poitiers et d'un relief représentant Hermès, le Dieu du commerce, à sa gauche, Cérès avec une corne d'abondance et sur sa droite, Flore avec des fleurs. 







Rue des Cordeliers, nous ne pouvons pas manquer d'admirer la Maison Vannier réalisée en 1905 par l'architecte Léon Martineau. Cet édifice constitue l'un des premiers grands magasins de la ville conçu sur le modèle des luxueux magasins parisiens. Il mêle tradition et modernité en mariant la pierre avec de larges baies vitrées montées sur des châssis métalliques.
L'entrée monumentale est surmontée d'une rotonde coiffée d'un dôme élevé. 





 

 Nous arrivons sur la majestueuse Place du Maréchal Leclerc sur laquelle se trouve l'hôtel de ville, un édifice municipal de style Second Empire. 
Au Moyen-Age, halles et commerces occupaient toute la place qui devint le centre économique de la ville de Poitiers et prit au XIIème siècle le nom de "Place du Marché-Vieil". 
Au XVIIème siècle, la fonction commerciale, sans disparaitre complètement, s'effaça au profit d'une fonction militaire.  
La place accueillit alors la statue de Louis XIV et devint "Place Royale"
La Révolution la rebaptisa "Place Nationale" suite à la destruction de la statue puis elle redevint "Place Royale" durant la Restauration. 
En 1830, elle prit le nom de "Place d'Armes" rappelant ainsi les parades militaires qui s'y tiennent. 
Elle est rebaptisée "Place du Maréchal Leclerc"  depuis 1948 en l'honneur du Maréchal Philippe Leclerc de Hautecloque qui  fit une partie de sa scolarité à Poitiers, au lycée des Feuillants. 

Avec l'église Notre-Dame-la-Grande, cette place est le symbole de l'identité poitevine. 







Au 23, de la rue Bonneveau, nous sommes intrigués par le pilier qui de trouve dans la cour de l'établissement, au milieu d'une terrasse . Ce pilier reste l'ultime vestige d'une construction d'époque romane (XIIème siècle) composée à l'origine de trois piliers. Cet édifice, implanté à la limite du bourg de Saint-Hilaire, servait de pilori pour les prévenus condamnés par la justice ecclésiastique du chapitre de Saint-Hilaire. 

A partir du XVème siècle, l'établissement deviendra une hôtellerie à l'enseigne des "Trois piliers" qui passait pour la meilleure de la ville. 
Les piliers apparaissaient encore en relief dans le mur en 1750. Par la suite, deux furent détruits. Le troisième, incorporé dans la muraille, fut dégagé  en juin 1940, lors des travaux d'alignement de la façade de l'hôtel. 






Rue de Doyenné, nous découvrons l'ancien hôtel d'Estissac, édifié en 1520 par Geoffroy D'Estissac, alors Doyen du Chapitre de Saint-Hilaire le Grand et Evêque de Maillezais. 
L'hôtel particulier abrita l'Ecole normale d'instituteurs pendant près de 130 ans, de 1883 à 2011. Il accueillit ensuite le centre d'Information et d'Orientation jusqu'en 2014 avant d'être mis en vente. 








 


Un peu plus loin, rue Saint-Hilaire, nous sommes sous le charme de la magnifique Eglise Saint-Hilaire-le-Grand, un édifice majeur de la chrétienté associé à la route de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle et au rayonnement important d'Hilaire, premier évêque de la ville. 
A sa mort, en 368, une première chapelle fut construite pour accueillir sa sépulture. 
      
Au XIème siècle, une nouvelle église, vaste et lumineuse fut édifiée, dédicacée en 1049. Cette église, entièrement voûtée, constituait à l'époque une innovation architecturale. 
L'église fut pillée durant les guerres de religion puis dévastée à la Révolution. 
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, la façade et une grande partie de la nef furent reconstruites. 

L'église est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle depuis 1998. 












L'église a conservé des peintures murales du XIème siècle. 
 


 






Nous reprenons le chemin du centre-ville et nous passons par le jardin Simone Veil ... 




... Nous longeons l'arrière de l'hôtel de ville... 





Nous découvrons au passage l'Hôtel de Beaucé, de style Renaissance,  construit en 1554 pour Jean Beaucé, un riche négociant protestant. 





Après avoir pris un repas tardif dans une cafétaria, il est temps de reprendre nos vélos et de regagner à nouveau le parking de la Demi-Lune. 

Nous reprenons la route avec notre maison roulante en direction de la petite ville de Vivonne, située à 23 km de Poitiers.  Quelques courses au passage et nous stationnons sur une petite aire ouverte aux Camping-cars afin d'effectuer une visite assez rapide de la petite cité. 

La Grande-rue située en plein centre bourg, abritait autrefois l'Auberge Saint-Georges, probablement à peu près à l'emplacement de l'Hôtel Saint-Georges actuel.





L'histoire locale relate qu'en ces lieux, Ravaillac, venant du Pays basque et remontant d'Angoulême vers Paris, aurait déclaré lors de son procès, que faisant halte à Vivonne, il eut en l'église Saint-Georges, la vision d'un Maure "auquel dans son délire de haine envers le Roi, il s'identifia, en précisant que toute l'eau de la mer ne le pouvait laver"




On rapporte également que c'est dans cette auberge qu'il aurait subtilisé un couteau de cuisine dont il aiguisa la lame et s'en serait servi pour assassiner le Roi Henri IV.  




L'église Saint-Georges de Vivonne, construite à partir de 1095, fut entièrement détruite puis rebâtie à la fin du XIIème siècle. Les éléments les plus anciens de l'église actuelle, classée monument historique en 1912, remontent aux XIIème et XIIIème siècles mais l'ensemble a été modifié à plusieurs reprises aux XVème, XIXème et début du XXème siècles. 
Elle de style gothique angevin. 






Nous regagnons notre véhicule, nous pourrions passer la nuit ici, l'aire le permet. Plusieurs camping-cars sont déjà installés mais nous préférons poursuivre notre route car nous avons repéré une aire dans le village de Château-Larcher, à 8 km de Vivonne. 

Nous nous y rendons donc et l'aire est beaucoup plus agréable bien que nous n'y soyons pas seuls. Nous y bénéficions de services (eau et électricité) pour la modique somme de 6 euros qu'une charmante dame vient relever dans la soirée en nous remettant un plan du village que nous visiterons demain. 


A bientôt pour la suite de notre périple... 
 

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