dimanche 7 novembre 2021

Avec ma maison sur le dos... Septième étape... 1er octobre 2021. Couture-sur-Loir (41)

Vendredi 1er octobre: Nous nous réveillons après une nuit bien tranquille au camping du lac. Nous apprécions de pouvoir charger sans difficulté tous nos appareils et Jp est content d'utiliser la douche des sanitaires.
Après avoir tout rangé, tout fermé, nous voici prêts à reprendre la route... Destination: Couture-sur-Loir , dans la Vallée de Ronsard. Un trajet de seulement 24 km. 
Arrivés dans le village, nous stationnons sur un petit parking et nous nous rendons à vélo jusqu'au manoir de la Possonnière, la maison natale de Pierre de Ronsard, situé à l'écart du village. 





    

Le manoir n'ouvre qu'à 14h. Nous revenons sur notre parking et nous partons à la découverte du village. 

Nous découvrons un buste de Pierre de Ronsard. . 




L'église Saint-Gervais-Saint-Protais à laquelle Loys (ou Louis) de Ronsard, père du poète apporta d'importantes modifications, porte sur l'entrée principale les armoiries de Ronsard, soit trois poissons.  


 


Loys de Ronsard mourut en juin 1544 et Jeanne Chaudrier, son épouse et la mère de Pierre de Ronsard, l'année suivante. Claude, frère du poète et seigneur de la Possonnière, fit élever une chapelle pour abriter les restes de leurs parents, il s'agit de l'actuelle sacristie. 
En 1793, pendant la Révolution, les  statues furent mutilées.
Ce n'est qu'en 1924 que furent replacés les gisants à gauche du grand portail, sous le clocher.  
Loys est représenté en armure et cotte d'armes et l'on aperçoit les trois poissons sur son vêtement. Jeanne est représentée dans une longue robe, ceinte d'une chaînette. 








Nous poursuivons notre visite du village et nous passons devant la grange aux Dîmes. 




Mais peut-on attacher nos vélos ? 😃





Nous nous rendons, toujours en vélo, sur l'Isle verte, située à la sortie du village. Pierre de Ronsard aimait s'y promener pour rêver et lire des poètes grecs et latins. 
Une stèle a été dressée sur l'autre rive, en hommage au poète qui avait choisi ce site pour son tombeau. Sa sépulture se trouve toutefois au Prieuré de Saint-Cosme où il est décédé en 1585. 






Il se met à pleuvoir , nous regagnons vite notre maison roulante où nous déjeunons à l'abri en attendant l'ouverture  du manoir...  Bien pratique, notre maison roulante !   

Après cette agréable pause déjeuner, nous retournons au manoir de la Possonnière afin d'en effectuer la visite. 

Pierre de Ronsard est le fils cadet de Loys de Ronsard et de Jeanne Chaudrier. Son frère aîné, Claude, chevalier, héritera du domaine familial, le second, Charles, deviendra homme d'église. Sa sœur Louise, sera fille d'honneur de la reine Eléonore (seconde épouse du roi François 1er). 

Il naît à la Possonnière en septembre 1524. 

"Possonnière" est un vieux mot qui dérive de 'posson" ou "poçon", petit contenant qui servait à mesurer le vin nouveau, puis dès le XVIème siècle, tous les liquides.  



Les Ronsard, sergents-fieffés (gardes-chasses) des comtes de Vendôme, sont présents dans ces lieux dès le XIVème siècle. De cette époque subsistent les traces d'un château troglodytique : caves (situées sur la gauche du bâtiment principal), pigeonnier et peut-être le porche...  

Le corps principal du logis a probablement été construit vers 1480 par Olivier Ronsard, grand-père du poète, échanson (celui qui sert et goûte le vin à la table royale) de Louis XI et gentilhomme de l'Hôtel du Roi.   



Les sculptures de style "Première Renaissance" qui ornent la façade sud du manoir et les entrées des caves, doivent dater du début du XVIème siècle, époque du père du poète, Louis ou Loys Ronsard. Son buste orne le fronton de la porte de la tourelle d'escalier du manoir. 




Loys, gentilhomme de l'Hôtel du Roi, participa activement aux guerres d'Italie menées par Louis XII et François 1er.  Il fut choisi par François 1er pour accompagner les enfants royaux, François et Henri (futur Henri II), otages de Charles Quint pendant 4 ans, à la place de leur père. 




Sur cette autre porte, on retrouve ls armoiries des Ronsard, les trois poissons. 






Le décor des caves annonce leur destination par leurs inscriptions et certains éléments sculptés : la buanderie belle, la fourière (qui abritait la réserve de petits bois), Vulcano et diligentiae,  avec ses quatre chaudrons, pouvait servir à entreposer certains ustensiles et pourquoi pas des chaudrons, Vina barbara (la cave à vins, peut-être des vins barbares, c'est-à-dire étrangers au site), Cui des videto (vois à qui tu donnes... l'inscription laisse présager un lieu d'accueil, Sustine et abstine (Soutiens-toi et abstiens-toi... une cuisine).  









A l'extrémité sud des caves, une tour quadrangulaire abrite un escalier à vis qui donnait accès aux anciens bâtiments disparus. L'inscription "Tibi soli gloria" signifie "A toi seul la gloire" et est extrait de l'Epitre de Saint Paul aux Romains. 




L'entrée d'origine du site était située à l'emplacement de la grande grille mise en place au XIXème siècle, que nous avions vue en arrivant. Les ouvertures (porte, fenêtres et lucarnes) et les décors de la façade nord du bâtiment n'existaient pas à l'époque de Ronsard. Au XVIème siècle, il faut imaginer un mur pratiquement aveugle. 


  



Le jardin de Ronsard a été reconstitué de ce côté du manoir. Herbularium (plantes médicinales), chambre de verdure, frênes et pivoines, vergers, potager, vignes... 






Le porche permettait d'accéder à l'ancienne basse-cour du manoir. 




Nous pénétrons à l'intérieur du logis principal et nous découvrons la cheminée monumentale dans le style de la première Renaissance. Elle fut restaurée au XIXème siècle. Tout en haut, on y retrouve un semis de fleurs de lys et les armes de la France.
En dessous, le blason des Ronsard et les ronces ardentes ainsi que la devise "NON FALUNT FUTURA MERE (N)TE(M)" (l'avenir appartient à celui qui le mérite).
A gauche, des instruments de musique : guiternes et luths. A droite, une armure à l'antique. 






Cachées par une toile de jute jusqu'en 2004, ces peintures murales ont été restaurées en 2005. Les blasons encadrés par une couronne feuillagée et enrubannée, sont ceux des différents membres de la famille Ronsard. 




Après avoir passé son enfance dans le Vendômois, Pierre de Ronsard fut nommé, à 12 ans, page du dauphin François (fils aîné de François 1er dont Loys de Ronsard était le maître d'hôtel). 
Suite à la mort prématurée du dauphin en 1536, Pierre passa au service du troisième fils du roi, Charles duc d'Orléans, puis d'une des filles de François 1er, Madeleine, devenue plus tard reine d'Ecosse en épousant Jacques V Stuart. Pierre séjourne alors quelque temps dans ce pays.


 


De retour en France, il est écuyer, pensionnaire des Ecuries Royales. Il doit abandonner une carrière militaire car il est devenu à moitié sourd. Il est tonsuré en mars 1543 par l'évêque du Mans. 
Après le décès de son père, il s'établit à Paris et il commence à publier ses poèmes. 
En 1550, paraît son premier recueil, les "Odes".
En 1552, sont publiés les "Amours" dédiés à Cassandre, fille d'un banquier florentin. 
A 30 ans, il est nommé poète officiel du roi Henri II, puis il sera celui de François II. 
En 1560, la première édition collective de ses "Œuvres" voit le jour. Il y en eut six de son vivant et une septième posthume. 
Ronsard défend le choix royal, la religion catholique contre le protestantisme. 
En 1572, sous Charles IX, sont édités les quatre premiers livres de la "Franciade", sorte d'épopée gréco-latine, servant la gloire du peuple français. L'œuvre est un échec. 
Le nouveau roi Henri III, lui préfère alors le jeune Philippe Desporte. 

Ronsard séjourne de plus en plus souvent dans son Vendômois natal et en Touraine. Il possède depuis 1565 le prieuré de Saint-Cosme, depuis 1566, celui de Sainte-Marie-Madeleine de Croixval à Ternay et celui de Saint-Gilles, à Montoire-sur-le-Loir. Il se consacre à la vie rustique et au jardinage. 
Malade depuis plusieurs années (fièvre, rhumatismes, goutte...), il s'éteint dans la nuit du 27 au 28 décembre 1585, à l'âge de 61 ans, dans son prieuré de Saint-Cosme où il est enterré sans réelle cérémonie.   




A sa Maistresse

Ode XVII

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las las ses beautés laissé cheoir!
ô vrayment marastre Nature
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir

Donc, si vous me croyez mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez cueillez votre jeunesse : 
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté. 



Sur ces mots de Ronsard, notre visite se termine. Nous quittons la Possonnière... 





... Nous reprenons notre route en direction de Luynes, tout près de Tours dans l'Indre et Loire, un trajet de 54 km.  Arrivés à Luynes, petite cité de caractère, nous nous installons au camping les Granges avant de nous rendre chez Anne et Marc, les cousins de Jp pour une bien agréable soirée 😀


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