lundi 17 juillet 2017

Canada. Québec. Val-Jalbert et Roberval. 9 août 2016

Mardi 9 août 2016: Après la Mauricie, où nous vous avons laissés à la fin du dernier article, nous poursuivons notre route vers la région du Lac Saint-Jean et nous traversons un secteur très sauvage constitué de forêts et de petits lacs sur plusieurs dizaines de kilomètres. Nous ne passons par aucun village et même les stations- services se font rares ! 

Arrivés à moins de 10 km de notre destination, apparaît soudain à l'horizon, le gigantesque Lac Saint-Jean dont le nom indien est Piékouagami,  le lac plat. Cette mer intérieure de plus de 1000 km2 est une ancienne cuve glaciaire nourrie par les eaux d'une dizaine de rivières. 

Vue sur le Lac Saint-Jean



Nous arrivons un peu après 14h au village historique de Val-Jalbert, un authentique village industriel des années 1920, créé en 1901 pour abriter un moulin de pâte à papier  et les personnes qui y travaillaient ainsi que leurs familles. Ce village fut abandonné à partir de 1927 lorsque la compagnie ferma ses portes. Pour ce reportage, veuillez excuser la qualité des photos en noir et blanc qui sont les vieilles photos du début du XXème siècle collectées par la société qui gère le site. Je trouve qu'elles contribuent à donner de la vie et de l'authenticité à la visite. 

Un trolleybus à l'ancienne nous conduit pour commencer au moulin et à l'impressionnante chute d'eau, haute de 72 mètres (plus haute que les chutes du Niagara !) qui est à l'origine de la naissance de la pulperie (fabrication de pâte à papier à base de bois).  


Village de Val-Jalbert



Village de Val-Jalbert. Le moulin et la chute Ouiachouan


La chute Ouiatchouan est issue du cours tumultueux de la rivière Ouiatchouan (qui signifie en langue innue "rivière aux eaux claires")


Village de Val-Jalbert.   Rivière Ouiachouan

Village de Val-Jalbert. La chute Ouiachouan

Village de Val-Jalbert. La chute Ouiachouan

Village de Val-Jalbert. La chute Ouiachouan


Depuis le moulin, nous empruntons un téléphérique afin d'accéder à un belvédère dominant la chute et offrant une vue panoramique sur le lac Saint-Jean, la rivière Ouiachouan et le village de Val-Jalbert...  

Village de Val-Jalbert. Vue depuis le belvédère

Village de Val-Jalbert. Vue depuis le belvédère

Village de Val-Jalbert. Vue depuis le belvédère

Village de Val-Jalbert.  Le téléphérique

Village de Val-Jalbert. Vue depuis le belvédère



Plus haut, un sentier pédestre mène à la chute Maligne, située en amont du réservoir qui domine la chute principale.  Haute de 49 mètres, elle fut aménagée pour régulariser le niveau du réservoir de la prise d'eau de l'usine.  Elle formait un bassin de flottage où s'accumulait le bois descendu du lac Ouiatchouan,  du lac Bouchette et du lac des Commissaires, bois qui était transformé en pâte durant l'année.

Village de Val-Jalbert. Chute Maligne



Damase Jalbert, qui construisit le moulin à pulpe de Val-Jalbert, en 1901, avait acquis à la fin du XIXème siècle 240 km2 de concessions forestières dans les cantons de Dablon et de Dequen et  sur des terres adjacentes au lac des Commissaires. Ces forêts constituaient la réserve initiale de la Compagnie de pulpe Ouiatchouan.  Puis les propriétaires successifs de la Compagnie acquirent de nouvelles concessions. 

Sur les chantiers forestiers, de la mi-novembre à la mi-mars, 6 jours sur 7, du lever au coucher du soleil, les bûcherons (souvent des ouvriers agricoles recherchant un revenu d'appoint pendant l'hiver) abattaient des épinettes noires de moins de 30 cm de diamètre. Ces pitounes de 2,5 mètres de long étaient ensuite tirées par des chevaux jusqu'à la rivière. 


Village de Val-Jalbert. bûcherons à l'oeuvre



Les draveurs profitaient début avril de la crue printanière. 16h par jour, ils conduisaient le bois sur les ruisseaux, les lacs et les rivières jusqu'au réservoir aménagé en amont de la chute Maligne. Les billots s'engageaient dans le canal du réservoir Ouiatchouan et empruntaient une dalle de bois longue de 130 mètres située entre la chute et l'usine où ils étaient transformés. 

En 1914, pour favoriser l'acheminement du bois, des lieux de coupe vers la pulperie,  Damase Jalbert et ses fils, construisirent un bateau à vapeur. A l'aide de chaînes et d'estacades flottantes, l'embarcation remorquait des radeaux de bois vers l'exutoire du lac des Commissaires.  

Village de Val-Jalbert. Draveurs à l'oeuvre



Au bord de la rivière, la scierie abritait une installation appelée 'Butter". Ce dispositif, mû par un moteur électrique, fut mis au point par des travailleurs de la pulperie de Chicoutimi.  Il était muni d'un "monte-billots" qui prenait le bois directement dans le réservoir. les billots étaient acheminés par deux ouvriers munis de gaffes vers des crochets mécaniques appelés bœufs. Ces crochets menaient ensuite les billots, six à la fois, vers des scies circulaires qui les débitaient en tronçons de 60 cm de long. Ainsi deux journaliers pouvaient débiter 400 billots à l'heure, tâche qui auparavant nécessitait une vingtaine d'hommes.

Village de Val-Jalbert. Scierie de la chute Maligne

Village de Val-Jalbert. Vue depuis le haut de la chute Ouiatchouan



En 1904, on construisit un barrage haut de 9 mètres, long de 33 mètres et large de 13 mètres au-dessus de la chute Ouiatchouan. Depuis ce réservoir, un mur de 120 mètres de long canalisait l'eau à travers une conduite forcée, dont le diamètre se rétrécissait de 9 à 7 mètres, dans laquelle l'eau tombait sur 81 mètres jusqu'à l'usine. Ainsi la pression de l'eau qui alimentait les turbines augmentait. 


Village de Val-Jalbert. le barrage et le système d'amenée d'eau de l'usine. 


Village de Val-Jalbert. L'ancienne conduite d'eau



La demande importante en pâte à papier incita la Compagnie à installer en 1910 des turbines qui décuplaient la force de l'eau et accroissaient l'énergie qui actionnait les machines. Une autre turbine actionnait une dynamo qui fournissait l'électricité à l'usine et au village. 

Village de Val-Jalbert.  Les turbines de l'usine



En redescendant, nous visitons le moulin et nous découvrons les vestiges des anciens mécanismes de la pulperie. 

Les chariots à rail, construits sur place et mus par électricité, amenaient les ballots de pulpe pesant 210 kg jusqu'aux trains  où ils étaient chargés à bras d'hommes. 
Le frein à main et le siège témoignent du peu d'égard accordé au confort des employés. 

Village de Val-Jalbert.  Le moulin. 

Village de Val-Jalbert.  Le moulin


Village de Val-Jalbert.  Le moulin. Les tamis


Tous les métiers et tamis tiraient leur force motrice des pompes hydrauliques à l'aide de courroies et de poulies qui transfèraient l'énergie produite. Tous ces engrenages nécessitaient un minimum de friction par un graissage et un ajustement continuel. 
Un nommé Ouila Tardif y est mort, entraîné par les courroies. 

Village de Val-Jalbert.  Le moulin. La pompe hydraulique


Village de Val-Jalbert.  Le moulin. L'accumulateur de pression


Village de Val-Jalbert.  Le moulin.



Village de Val-Jalbert.  La chute et le moulin.


Village de Val-Jalbert. Ancien Porte-char


Une minicentrale aménagée au pied de la chute Ouiatchouan depuis 2015 fournit de l'électricité à la région. Une partie des profits engendrés permet de pérenniser le site de Val-Jalbert en finançant la rénovation et l'entretien. 

Village de Val-Jalbert. La minicentale



Après la visite plutôt technique !  du moulin, nous nous dirigeons vers le village et nous découvrons les maisons et les différents quartiers de Val-Jalbert. 

Les premières maisons furent construites dans les années 1900-1910. C'étaient des doubles maisons. Chaque logement comptait 4 pièces réparties sur deux étages.  

Village de Val-Jalbert. Maison de la rue Saint-Joseph


A partir de 1917, la Compagnie développa le quartier ouvrier sur le plateau.  La haute-ville comprenait des maisons de type unifamiliale modernes et fonctionnelles pour l'époque: confort, aqueduc, égouts, éclairage électrique et même pour la plupart des cabinets d'aisance !  Tout était fait pour attirer des ouvriers qualifiés à Val-Jalbert.

La maison du contremaître est une maison unifamiliale conçue par l'architecte chicoutimien Alfred Lamontagne. Comme une vingtaine d'autres, elle est inspirée par le cottage américain. 
Jusqu'en 1927, elle fut habitée par la famille du contremaître Xavier Poitras, assistant du surintendant général Joseph Adolphe Lapointe. C'est lui qui dirigeait les activités  de production de la pulperie.

Village de Val-Jalbert.  La maison du contremaître

Val-Jalbert. Xavier Poitras, contremaître et sa femme

Val-Jalbert. Joseph-Adolphe Lapointe
 Surintendant de l'usine et maire de 1922 à 1929



 
La maison offrait une vue imprenable sur l'usine et le contremaître pouvait surveiller ce qui s'y déroulait et intervenir rapidement en cas de problème. 


Village de Val-Jalbert. Vue d'ensemble avec la maison du contremaître qui domine l'usine




Les maisons unifamiliales de la haute-ville possèdent 5 ou 6 pièces réparties entre le rez-de-chaussée et l'étage. La plupart des maisons sont chauffées par des poêles à bois alimentés par les résidus de bois de l'usine vendus à bon prix. Quelques unes utilisent du charbon de Roberval ou sont munies d'un chauffage central à air pulsé.

Village de Val-Jalbert. Maison unifamiliale


Elles ont des fondations en béton et sont d'une superficie de 6,7 x 7,9 mètres. Un parement de bois blanc rehaussé de boiseries vert foncé, de longues galeries grises et un pignon face à la rue leur donnent fière allure. Elles sont plus modernes et plus luxueuses que les maisons de la génération précédente. 
Le vestibule donne sur le salon et la cuisine avec ses armoires, son comptoir en revêtement d'acier, son évier en fonte émaillée et son poêle à bois qui sert à la fois de cuisinière et de source de chauffage.  L'escalier conduit aux 4 chambres et à une salle de bains avec toilette à chasse d'eau, baignoire et lavabo en fonte émaillée.

Village de Val-Jalbert. Maisons unifamiliales de la haute-ville

Village de Val-Jalbert. Maisons unifamiliales de la haute-ville




La plupart des murs sont ornés de papier peint aux couleurs vives et aux motifs audacieux. 

Village de Val-Jalbert. Papier peint d'une maison unifamiliale

Village de Val-Jalbert. Maison unifamiliale


  
Village de Val-Jalbert. Maison unifamiliale



Des employés qualifiés coûtaient cher à former. Pour les garder, la Compagnie offrait une qualité de vie très enviable pour l'époque. Cela ne signifiait pas pour autant que Madame se la coulait douce ! 

Dès l'aube, si la famille possédait une vache, elle devait la traire puis préparer ce qu'il fallait pour que Monsieur puisse partir à l'usine et les enfants à l'école. Pendant la journée, elle s'occupait des jeunes enfants, des animaux, de la cuisine, du ménage, de la lessive, du potager... Elle confectionnait des vêtements, faisait des conserves. Régulièrement elle se rendait au magasin général ou au bureau de poste, c'était l'occasion d'apprendre les nouvelles. Les rares moments de temps libre étaient consacrés aux rencontres sociales avec parents et amis. 

Les femmes de Val-Jalbert

Village de Val-Jalbert. La famille de Maurice Larouche

 
Une bonne épouse se devait d'être économe. Les légumes du potager agrémentaient l'ordinaire de la famille tout en lui permettant des économies. La Compagnie organisait un concours annuel de jardinage. Le curé veillait et il lui arrivait de soulever le couvercle du chaudron et de sermonner les femmes qui avaient des goûts culinaires trop riches.  


Village de Val-Jalbert. Laura Vallée et sa laveuse à tordeur


Au fil des ans 80 maisons furent construites, les rues furent macadamisée, éclairées, bordées d'arbres et de trottoirs. Tous les bâtiments  furent électrisés et raccordés à un réseau d'aqueduc et d'égouts. Des bornes d'incendie assurèrent la sécurité des habitants... Val-Jalbert inspira d'autres compagnies.  

Village de Val-Jalbert. Borne à incendie



En 1919, le développement de la haute-ville se poursuivit avec la construction de grandes maisons unifamiliales. Cette demeure unifamiliale revêtue de bardeaux de cèdre naturel est la plus grande et la plus luxueuse des quatre modèles construits à Val-Jalbert. Elle repose sur des fondations de béton et mesure 7,3 x 9,1 mètres. Elle comprend aussi une petite annexe, le tambour, dans laquelle on entrepose et conserve. Elle est chauffée par une fournaise à air soufflé installée dans la cave. 

Village de Val-Jalbert. Grande maison unifamiliale


Au rez-de-chaussée, en plus du salon et d'une chambre, on trouve une cuisine avec un comptoir recouvert d'acier, un évier en fonte émaillée et une cuisinière à bois. La famille dispose même d'une salle à manger. A l'étage sont aménagées trois chambres et une vaste salle de bains avec toilette à chasse d'eau, baignoire sur pieds et lavabo en fonte émaillée, le tout relié au réseau d'aqueduc et d'égout. 
Toutes les pièces ont l'électricité et des parquets en bois peint. Les murs et les plafonds sont revêtus de carton ciré maintenu par des lamelles de bois que les occupants peuvent peindre de la couleur de leur choix.
 
Village de Val-Jalbert. Grande maison unifamiliale


 En 1923-1924, la Compagnie fait construire les dernières maisons de Val-Jalbert sur le plateau et près de la rivière. Mais les temps sont durs et par souci d'économie, elle revient au modèle jumelé des débuts. Seul modèle sans cave, cette maison au revêtement en bois naturel comprend un mur central, dans lequel est encastrée l'unique cheminée, qui sépare deux logements modestes, moins luxueux et aux espaces de rangement limités. Les parquets sont en bois peint et les murs et les plafonds finis très sobrement de petites planches. La moitié du rez-de-chaussée est occupée par une grande pièce qui tient lieu de cuisine et de salle à manger que complètent deux chambres à coucher. Parfois une des chambres est convertie en salon. Le logement est chauffé par le poêle à bois qui sert aussi de cuisinière. A l"étage se trouvent trois autres chambres et une petite salle de bains équipée d'une toilette, d'une baignoire  sur pieds et d'un petit lavabo en fonte émaillée. 

Village de Val-Jalbert. Grande maison jumelée


Au début des années 1920, la demande de pâte à papier atteint un sommet. La production annuelle de l'usine de Val-Jalbert atteint 29000 tonnes et le village abrite 900 habitants. 
Puis devant la concurrence des grands groupes papetiers et de la pâte chimique, tout s'écroule. Plusieurs usines québécoises ferment ou sont touchées. La Compagnie de Pulpe et des Pouvoirs d'eau du Saguenay nouvellement propriétaire de Val-Jalbert, est liquidée en 1924. La production cesse pendant que les surplus sont écoulés. 
Après une tentative de relance infructueuse par le Québec Pulp and paper Mills, l'usine de Val-Jalbert  cesse définitivement ses opérations le 13 août 1927. 
Les familles partent vers les emplois industriels d'Alma et du Saguenay ou vont coloniser le nord du Lac Saint-Jean.
En 1930, il ne reste que 50 habitants. Les pimpantes maisons ouvrières s'écroulent sous la neige. La végétation reconquiert la voie ferrée, les machines de l'usine et le cimetière.
Nous arrivons dans la partie du village qui n'a pas été restaurée et nous découvrons avec tristesse les maisons écroulées.  


Val-Jalbert. Village fantôme

Val-Jalbert. Village fantôme
 
Val-Jalbert. Village fantôme
 
Val-Jalbert. Village fantôme

 
Jusqu'au début des années 1960, Val-Jalbert est un village fantôme. Alphonse Fortin, ancien résident du village en fut le gardien de 1956 à 1959. Une barrière en fermait l'accès. Elle ne  fut levée qu'en 1963. 

Val-Jalbert. Village fantôme. Photo des années 60


Nous regagnons l'entrée du village où furent construites les premières maisons et où s'installèrent les commerces. Une occasion unique de s'immerger au début du XXème siècle. Ce village fantôme en partie restauré constitue un témoignage très fidèle de la façon dont vivaient les familles installées à Val-Jalbert dans la mesure où abandonné à partir de 1927, il est resté en l'état !   

Avec leur parement de bois blanc, leurs boiseries vert foncé et leurs galeries grises, ces premières maisons jumelées créent  le cachet unique de Val-Jalbert. La Compagnie les fit construire sur l'esplanade devant l'usine et sur la rue Saint-Georges. En 1913, les premières constructions apparurent sur le plateau, rue Saint-Joseph.

Val-Jalbert. premières maisons jumelées


Une des maisons jumelées se visite avec ses deux logements : 


Val-Jalbert. Une des première maisons jumelées



D'une superficie de 9,1 x 7,9 mètres, les maisons jumelées reposent sur des fondations de pierre profondes de 1,2 mètre. Toutes ont l'électricité et l'eau courante. Avec leurs parquets en bois peint et leurs murs ornés de papier peint à imprimés floraux et végétaux, elles sont à la fois coquettes et modernes (les papiers peints ont été remplacés par des lattes de bois peint lors de la restauration). 

Un mur mitoyen sépare deux logements conçus pour abriter une famille nombreuse. On accède au rez-de-chaussée par le salon. Au fond se trouve la cuisine où est installé le poêle à bois qui sert de cuisinière et chauffe la maison. La porte arrière donne sur une "dépense" dans laquelle sont conservés les aliments. De la cuisine un escalier mène à l'étage qui regroupe 3 chambres et un cabinet d'aisance, petite pièce pourvue d'une toilette, sans baignoire ni lavabo. 


Val-Jalbert. Visite d'une des premières maisons jumelées. Premier logement



Val-Jalbert. Visite d'une des premières maisons jumelées. Premier logement



Val-Jalbert. Visite d'une des premières maisons jumelées. Premier logement


Val-Jalbert. Visite d'une des premières maisons jumelées. Premier logement



Val-Jalbert. Visite d'une des premières maisons jumelées. Premier logement


Val-Jalbert. Visite d'une des premières maisons jumelées. Premier logement


Val-Jalbert. Visite d'une des premières maisons jumelées.


Val-Jalbert. Visite d'une des premières maisons jumelées. Second logement



Val-Jalbert. Visite d'une des premières maisons jumelées.Second logement




Plusieurs de ces maisons ont été aménagées pour recevoir des touristes de passage et nous regrettons de ne pas y avoir réservé une chambre ! L'immersion aurait été complète !

Val-Jalbert. Maison jumelée première génération restaurée

Val-Jalbert. Famille devant les maisons jumelées
 
Val-Jalbert. fillettes devant les maisons jumelées



Les salaires versés à l'usine de Val-Jalbert rivalisaient avec ceux qu'on touchait dans les villes industrielles du Saguenay et la population profitait d'un aisance matérielle supérieure à celle d'une région rurale encore en développement. 
Dans ce contexte, de nombreux commerces et services font leur apparition. 

Dans les années 1920, Wellie Fortin tient un magasin général dans le village, Stanislas Gagnon en fait autant sur le plateau. 



Val-Jalbert. Magasin général



Wellie Fortin, le propriétaire du premier magasin général fut maire de Val-Jalbert de 1917 à 1922.


Val-Jalbert. Wellie Fortin



On trouve aussi dans le village un hôtel, une boucherie, un charron, un forgeron, un boulanger, un meunier, un barbier, une gare, une banque, une caisse populaire, un bureau de poste et une compagnie de téléphone. Val-Jalbert était une communauté entièrement autonome. 

Le beurre et le lait étaient distribués à domicile de porte en porte pour 25 c la livre et 5c la pinte. La viande était livrée dans une voiture couverte munie d' une balance. Depuis Roberval, un boulanger desservait aussi des clients parmi lesquels figurait le curé qui ne se gênait pas pour lui interdire la vente de brioches sucrées pendant le carême. 


 Val-Jalbert. la boucherie devenue studio photo aujourd’hui

Val-Jalbert. Maison abritant la première Caisse d'épargne



Val-Jalbert. Le bureau de poste



Val-Jalbert. La postière Emma Gobeil



Au début du XXème siècle, on avait peu de temps pour les loisirs. Pourtant Val-Jalbert  en offrait tout une une gamme ! Les hommes chassaient et jouaient aux cartes au Magasin général. L'été, sur l'esplanade, on jouait aux fers, au tennis ou au croquet. Des activités respectant la morale chrétienne étaient organisées: tournois de baseball, patinoire, équipe de hockey, du théâtre et des pique-niques. 


Val-Jalbert. Organisation de tournois


Val-Jalbert. Pique-nique familial


L'accordéoniste Tommy Duchesne (1909-1986) était  originaire de Val-Jalbert.

Val-Jalbert. L'accordéoniste Tommy Duchesne


De 1904 à1914, l'enseignement à Val-Jalbert est donné dans une maison louée à la Compagnie. Une institutrice laïque dispense l'enseignement primaire à une quarantaine d'élèves. Leur nombre augmentant, on embauche une seconde enseignante et on ajoute une deuxième classe. 
Lorsque la municipalité de Val-Jalbert est créée en 1915, une commission scolaire indépendante voit le jour et les religieuses du Bon Conseil prennent en charge l'enseignement. Le Couvent-école est construit suivant les plans d'Alfred Delamontagne. Il compte 4 classes. 

Val-Jalbert. Le Couvent-École
 
Val-Jalbert. Le Couvent-École


En 1923, au Québec, la scolarité se déroule de la façon suivante: un cours préparatoire suivi d'un cours primaire de 10 ans (4 ans de cours élémentaire, 2 ans de cours modèle ou intermédiaire, 2 ans de cours complémentaire et 2 ans de cours académique ou supérieur). Toutefois la plupart des élèves ne dépassent pas le cours élémentaire.

Val-Jalbert. Le Couvent-École



A Val-Jalbert, on dispense uniquement le primaire élémentaire. Les élèves doivent quitter le village pour poursuivre leurs études. 



Val-Jalbert. Le Couvent-École


Val-Jalbert. Le Couvent-École


Après des années d'abandon, le couvent-école fut restauré au début des années 1980. A l'étage se trouvait le logis des religieuses enseignantes qui étaient au nombre de 5 en 1927. 

Val-Jalbert. Le Couvent-École. Logis des religieuses enseignantes

Val-Jalbert. Le Couvent-École. Logis des religieuses enseignantes


Val-Jalbert. Le Couvent-École. Logis des religieuses enseignantes


Val-Jalbert. Le Couvent-École. Logis des religieuses enseignantes


Val-Jalbert. Le Couvent-École. Classe de Demerise Bouchard en 1914


Val-Jalbert. Le Couvent-École. Marie-Laure Lemieux et une partie de ses élèves


Val-Jalbert. Les religieuses institutrices du Couvent-École




77 mariages furent célébrés dans la paroisse de Val-Jalbert entre 1911 et 1929.


Mariage à Val-Jalbert



Au début du XXème siècle, les enfants manquent fréquemment l'école pour aider leurs parents à la maison. Plusieurs abandonnent leurs études après la communion solennelle, vers l'âge de 10 ou 11 ans.


Val-Jalbert. Célébration communion solennelle


Lorsque la Compagnie ferma en 1927, elle offrit une réduction de loyer de 50 % à ceux qui désireraient rester au village. Mais sans travail, les habitants quittèrent Val-Jalbert.  220 partirent les premières années 450 par la suite. 

En 1950, il ne restait plus que 50 personnes dans le Petit Val-Jalbert, c'est à dire dans le secteur qui se trouve près de la route régionale, puis 35 en 1970.  La plupart des maisons de ce secteur avaient été acquises par des particuliers.

Le Petit Val-Jalbert avec le magasin général désertés



Le Petit Val-Jalbert. Les dernières maisons habitées


Le Petit Val-Jalbert. Les dernières maisons habitées


La paroisse ferma également ses portes en 1929 et les matériaux de l'église et du presbytère furent réutilisés dans la construction d'autres églises de la région. 

Val-Jalbert. L'église et le presbytère aujourd’hui disparus



Nous avons bien mérité une petite pause désaltérante au Magasin général ...


Val-Jalbert. magasin général


Val-Jalbert. Pause désaltérante


...Avant d'aller admirer le Petit Canyon. Val-Jalbert est situé sur une vaste faille de 50 km x 300 km. Cette zone forme les basse terres du Saguenay-Lac Saint-Jean. 


Val-Jalbert. La Petit Canyon


Val-Jalbert. La Petit Canyon


Ce secteur était  fréquenté à chaque printemps par les amérindiens de la région du Lac Saint-Jean qui venaient y pêcher la ouananiche (saumon d'eau douce) et le poisson blanc, chasser les oiseaux sauvages et cueillir des fruits sauvages. 

Les amérindiens de la région du Lac Saint-Jean


En quittant le village, nous passons devant le cimetière de Val-Jalbert qui reçut 217 sépultures, soit 124 bébés de moins d'un an, 29 enfants de moins de 10 ans, 10 jeunes âgés de 11 à 21 ans et 54 adultes. A l'automne 1918, la grippe espagnole fit 14 victimes en 16 jours emportant surtout des femmes enceintes et des enfants. 
Il ne reste actuellement que 44 monuments dont celui d'Emma Gobeil, la postière.  

Val-Jalbert. Le cimetière

Val-Jalbert. Le cimetière



Cette passionnante visite terminée, nous sommes restés 5 bonnes heures ! nous nous dirigeons vers Roberval, située à moins de 10 km de Val-Jalbert. 
Roberval est la ville la plus importante sur les rives du Lac Saint-Jean. Le meilleur moyen de découvrir la région autour de ce grand lac serait d'en faire le tour en vélo sur la véloroute des Bleuets (256 km) mais le temps nous manque ! 

Notre étape de ce soir,  dans un motel qui donne sur la grande route qui longe le lac,  est une des plus décevantes de notre séjour, mais en voyage il faut tout prendre ! Nous regrettons d'autant plus de n'avoir pas eu une chambre à Val-Jalbert. 

Un petit tour de nuit sur le petit port de Roberval où nous dégustons un yaourt glacé aux bleuets dans un bar laitier, puis nous rentrons après cette longue journée bien remplie !  


Roberval. Vue depuis le port


Roberval. le port


Roberval. La mairie


A bientôt pour la suite de notre périple québécois.

6 commentaires:

  1. Un an déjà, j’avais en partie oublié les détails de cette visite, (en particulier la description plutôt technique du moulin à papier !), merci ma petite femme de tes jolies images et de tes recherches historiques, tu as réussi à redonner une peu de vie aux personnages de cette histoire ; histoire un peu triste au fond, d’un village qui ne vécut que quelques années, le temps que les machines thermiques polluantes remplacent la force de l’eau, merveilleuse énergie propre et sans cesse renouvelable dont nous avons largement perdu l’usage, qui sait peut-être un jour, quand le pétrole aura disparu, la chute d’eau de la rivière Ouiatchouan (ça se prononce comme ça s’éternue !), fera renaître le village de Val-Jalbert.

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour ce gentil commentaire !

    RépondreSupprimer
  3. J'ai beaucoup aimé tout ce que vous avez écrit. C'est en lisant le roman de Marie-Bernadette DUPUY :L'orpheline des neiges , qui m'a permit de trouver ce texte . UN GRAND MERCI !Marie-Ange Cermolacce d'Aubagne . France

    RépondreSupprimer
  4. Merci pour votre commentaire. J'avais lu le livre de Marie-Bernadette Dupuy avant de me rendre à Val-Jalbert et j'ai pu mettre des images sur le roman. Ce fut une très belle visite que je vous recommande si vous vous rendez au Québec.

    RépondreSupprimer
  5. J'aimerais apporter une correction concernant votre commentaire sur le magasin général: «Dans les années 1920, Wellie Fortin tient un magasin général dans le village, Stanislas Gagnon en fait autant sur le plateau.»
    Il ne s'agit pas de Stanislas Gagnon qui a tenu le magasin général sur le plateau mais plutôt J.A. Gagnon son frère et mon grand-père. Ma mère a souvent parlé de cette époque où mon grand-père tenait ce magasin. Merci d'apporter le correctif.

    RépondreSupprimer
  6. Philippe Thierry France18 mars 2024 à 03:52

    Venant de finir de lire L'orphelinedes neiges de Marie Bernadette Dupuy, je me retrouve dans votre magnifique reportage. Vous nous donnez une envie de visiter ce site, lors de notre prochain voyage au Québec. Merci pour ce voyage

    RépondreSupprimer