dimanche 29 mars 2015

Randonnée sur le chemin des papetiers (près d'Ambert). Dimanche 6 mars 2015

Nous souhaitions depuis longtemps visiter le Moulin Richard de Bas, près d'Ambert... Alors nous profitons de ce dimanche ensoleillé pour nous y rendre... 1h 40 de route pour, un trajet de 83 km...  


Valeyre. Le chemin des Papetiers. 


... Et nous arrivons au petit village de Valeyre d'où nous allons pouvoir suivre à pied le chemin des papetiers (7,5 km. 2h30), le chemin qu’empruntaient autrefois les chiffonniers et les muletiers pour se rendre dans les 40  moulins que faisaient tourner le ruisseau de Valeyre  et ses deux affluents, le Gourre et le Laga. 


40 moulins, 40 papeteries qui fabriquaient un papier de si belle qualité que les imprimeurs d'Angleterre et de Hollande n'en voulaient pas d'autre et qu'on le prisait tout particulièrement à la cour du roi de France. 



Alors nous voilà partis pour une magnifique balade, sur le chemin escarpé et tourmenté, un voyage parsemé de légendes dans le pays bossu des papetiers... 


Valeyre. 


Milan


Une première légende: il fut un temps où les milans dévastaient les poulaillers de Valeyre. Excédés, les habitants conclurent un pacte avec le Diable. 
Le Malin assura la tranquillité des poules, mais il planta là une pierre sur laquelle on voit encore la marque de ses griffes. 


 La papeterie de Valeyre fut l'une des dernières à demeurer en activité. En 1850, lorsque tout semblait perdu, Jean-Marie Mathevon fit installer dans son atelier une machine à fabriquer le papier en continu. Il s'agissait d'un papier feutre utilisé pour le moirage des soieries lyonnaises et non plus des belles feuilles blanches destinées à l'impression. 

Chemin des papetiers. Moulin de Valeyre. 

Nous suivons le ruisseau Le Gourre que nous allons franchir 3  fois. Il faisait fonctionner ici 4 papeteries dont les papeteries "La Terrasse" et "Le Petit Vimal" tout en haut du village. 


Chemin des papetiers. Le ruisseau "Le Gourre"


Chemin des papetiers. Papeterie "La Terrasse"



Chemin des papetiers.  Moulin


Chemin des papetiers. Moulin


Chemin des papetiers. Lavoir. 

Le rez de chaussée des moulins où sont installés les cuves, est une grande salle voûtée, toute en pierre, parce que la pierre résiste mieux à l'humidité et au feu... Mais la voûte a une telle amplitude qu'il est nécessaire de renforcer les murs de lourds éperons...   


Chemin des papetiers. Moulin renforcé par des éperons. 

Nous poursuivons notre chemin en longeant le ruisseau fréquemment enjambé par de minuscules petits ponts de pierre...

Chemin des papetiers.

Chemin des papetiers.

Nous arrivons au lieu-dit "Nouara" qui comptait quatre papeteries et qui était le fief des Gourbeyre, qui, en hommage au Saint Patron des papetiers, s'appelaient Pierre, de père en fils. Le site est aujourd'hui propriété de l'association l'Arche. 

Chemin des papetiers. Nouara


Chemin des papetiers. Nouara


Chemin des papetiers. Nouara


Chemin des papetiers. Nouara

Chemin des papetiers. Nouara




































Chemin des papetiers. Nouara


































Ces prospères papetiers s'allièrent au XVIIIème siècle avec une famille noble désargentée, d'origine polonaise, les Lichnerovitch. 

Chemin des papetiers. Nouara. Vestiges des moulins des Gourbeyre. 


Nouara. Chroniques d'un antique
 village papetier. Claude Dravaine. 1927. 





Une descendante au joli talent de plume, écrivait sous le pseudonyme de Claude Dravaine, pseudonyme de Jeanne Lichnerovitch. 


Le Grand Domaine. Claude Dravaine. 

















Un autre descendant, professeur au Collège de France, est l'inventeur des mathématiques modernes. 

Quant aux aïeux, la légende fait remonter leur origine à l'époque des croisades... Un certain Bey de Gourre, ramené par Saint-Louis. 



Chemin des papetiers. Nouara.




Le nom de Nouara serait une déformation de Naoura (roue à aubes en arabe) qui se dit en espagnol noria. 













La balade est magnifique et passionnante mais il est bien triste de voir ce grand domaine déserté... Il y a eu autrefois tant de vie et tant d'activité... 



Chemin des papetiers. Nouara.

Le temps s'est ici définitivement arrêté ... A moins que l'association l'Arche ne parvienne à ressusciter ces vieilles pierres ! 


Chemin des papetiers. Nouara.

Notre chemin se poursuit de l'autre côté du ruisseau... 


Chemin des papetiers. Nouara.

... Encore un charmant pont de pierre à franchir... 


Chemin des papetiers. 


Chemin des papetiers. 


Chemin des papetiers.

Nous arrivons à l'emplacement de l'imposant moulin des Caves dont il ne reste que quelques vestiges et ces jardins en terrasse, abandonnés...  Le bâtiment fut édifié à une altitude inhabituelle de 860 mètres. Les chiffonniers y portaient néanmoins leurs peilles (les chiffons utilisés pour la fabrication du papier) et les muletiers venaient prendre livraison du papier. 

Chemin des papetiers.  Emplacement du moulin des Caves. 


Le temps s'est réchauffé, le printemps approche, mais il reste quelques plaques de neige à cette altitude ! 


Chemin des papetiers.  

Chemin des papetiers.  





Ici nous avons la possibilité de faire un petit détour pour découvrir une belle cascade ... nous avons tenté mais le chemin en cette période de fonte des neiges était impraticable...  Alors nous avons repris le droit chemin... 














Chemin des papetiers.  


Chemin des papetiers.  

Nous arrivons au hameau de La Combe qui bénéficie d'un micro-climat car ses moulins offraient leur façade au vent blanc, venu du sud, plutôt qu'à la bise noire qui souffle du nord. 

Chemin des papetiers.  Hameau de La Combe. 

Situé à 500 mètres par les prés (seulement par les prés, parce que par le chemin, c'était beaucoup plus long ! ...) des Moulins Richard de Bas, le hameau de La Combe a fourni de nombreux compagnons papetiers jusqu'au XXème siècle. Les terres alentour faisaient sans doute partie du domaine des Richard... En témoignent des noms comme la ferme de la Richarde... 


Chemin des papetiers.   Hameau de La Combe. 

Le jour des Rameaux, les papetiers demandaient au prêtre de bénir les vents sur lesquels ils comptaient pour ventiler les étendoirs et sécher les feuilles blanches... 


Nous commençons à redescendre et nous apercevons des moulins en contrebas... 


Chemin des papetiers.  


Chemin des papetiers.  

Nous traversons un nouveau hameau, le hameau de Grivel. Le Sieur Grivel (1604-1694) était ici propriétaire de plusieurs moulins et métairies et de divers prés et terres. Il faisait aussi commerce de draperies. Il donna son nom à ce hameau qui s'appelait auparavant "Le Mas Bertinent". On ne sait plus si ce changement de nom est dû à l'égocentrisme du marchand ou à la reconnaissance des habitants... 

Chemin des papetiers.  Hameau de Grivel. 

Chemin des papetiers.  Hameau de Grivel. 

Chemin des papetiers.  Hameau de Grivel. 


Chemin des papetiers. Vallée de Laga

Nous passons devant le moulin Bégonin dont quelques pierres ont été remplacées par des parpaings, suite à un incendie. Le rez-de-chaussée est ici encore soutenu par des éperons de pierres. 

Chemin des papetiers.  Moulin Bégonin. 

Nous finissons par arriver au moulin Richard de Bas, le dernier témoin du berceau de la papeterie française, toujours en activité aujourd'hui.  


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas. 

L'histoire commence en 1326, lorsque les Montgolfier, les Malmenaide et les Falguerole, de retour des croisades, décidèrent de mettre en oeuvre les techniques apprises auprès des arabes en utilisant l'énergie des cours d'eau de leur région. Les moulins furent si nombreux que les vallées environnantes en étaient couvertes. Tant et si bien que l'histoire du papier en France est étroitement lié à la région d'Ambert. 

Ce moulin, déjà en activité, fut racheté en 1463 par Antoine Richard qui lui donna son nom. 

Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas. 


La production continua sans interruption jusqu'en 1937, date de la mort du dernier papetier, avant son ouverture au public en 1942. 


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas. 

Marius Péraudeau, séduit par la beauté du lieu, décide alors de restaurer le site abandonné et de remettre le moulin en état de marche afin de redonner vie à ce témoin du patrimoine industriel de la région. Il crée ainsi le premier musée vivant de France dans le mobilier d'origine et dans le cadre même  où vivaient maître et compagnons. 


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas.  La pièce de vie. 

Le musée présente l'histoire du papier depuis son invention par les chinois, au IIIème siècle avant notre ère, jusqu'à nos jours, en passant par le monde musulman qui l'utilisa dés le VIIIème siècle et par qui il nous parvint. 


A l'extérieur, une ancienne pile défileuse, installée en 1850, au moulin à papier de la Combe basse, pour la préparation de la pâte à papier nécessaire à la première machine construite dans la région d'Ambert. Cette pile à cylindre, dite pile hollandaise était animée d'un mouvement rotatif qui permit de réduire considérablement le temps de raffinage mais nécessitait beaucoup d'énergie, ce qui provoqua le déplacement de nombreuses papeteries sur d'autres sites plus énergétiques.  


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas.  Ancienne pile défileuse à cylindre. 

Nous entrons dans le cœur du moulin afin d'y suivre le processus de fabrication du papier... Pour commencer, il faut des chiffons blancs en coton, en lin ou en chanvre, qui proviennent du linge de maison usé: draps, torchons, chemises... qui était collecté et transporté par les chiffonniers... 


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas.  Les chiffons. 

Il faut ensuite broyer tous ces bouts de chiffons et les mélanger à de l'eau afin de fabriquer la pâte à papier... Un travail réalisé grâce au martèlement des maillets... 

Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas.  Les maillets. 

Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas. La pâte à papier. 

On ajoute de l'eau afin que la pâte atteigne la bonne consistance... 


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas.  La pâte à papier

Il faut alors déposer la pâte sur les formes qui comprennent le filigrane du moulin Richard de Bas... Les formes sont de différentes tailles et de différents motifs... 


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas.  Les formes. 


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas. Pose de la pâte sur la forme. 


Carte postale ancienne.  Moulin Richard de Bas. Pose de la pâte sur la forme. 

Les futures feuilles sont alors empilées les unes sur les autres avec un feutre entre chaque feuille...


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas.  Égouttage des feuilles. 

Puis les feuilles passent sous la presse afin d'y être égouttées... 


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas.  La presse. 

La presse est actionnée par un cabestan...


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas.  Le cabestan qui actionne la presse. 

Pour actionner le cabestan 3 hommes sont nécessaires. 


Caret postale ancienne. Moulin Richard de Bas.  Le cabestan qui actionne la presse. 


Il ne reste plus qu'à faire sécher les feuilles de papier...


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas.  Séchage des feuilles de papier. 


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas.  Le filigrane. 


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas. Séchage des feuilles de papier. 



Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas. Séchage des feuilles de papier. 



Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas. Séchage des feuilles de papier. 


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas. Ancienne méthode de séchage des feuilles de papier. 



Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas.  Presse à papier. 

Le moulin Richard de Bas produit aujourd'hui quelques 200 feuilles de papier par jour, destinées aux éditeurs, artistes et autres amoureux de beaux papiers...  


Michel Debré présente la Constitution de 1958



C'est sur du papier "Richard de Bas" que fut imprimé le texte original de la Constitution de la 5ème République de 1958...


... Ainsi que les diplômes des prix Nobel.


Diplôme Prix Nobel de physique
















Encyclopédie de Diderot et d'Alembert


Les moulins du Livradois produisaient autrefois ensemble jusqu'à mille tonnes de papier par an. 

La fourniture du papier pour la première édition de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert (tirée à 4250 exemplaires) fit tourner les moulins de la région pendant plusieurs décennies au XVIIIème siècle. 






Au moulin, on travaillait dur, de 4 heures du matin à midi, parce qu'on  pensait qu'ainsi le secret de fabrication était mieux préservé. 
Avec un mois de salaire, le compagnon papetier pouvait s'acheter une vache, tandis qu'un valet de ferme devait économiser une année entière.  


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas. 


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas. 

 Après cette passionnante visite, nous reprenons notre randonnée afin de rejoindre le petit village de Valeyre... 

Devant le moulin Richard de Bas, nous pouvons admirer le parc de la Combe-Basse. 


Chemin des papetiers.  Moulin Richard de Bas.  Parc de la Combe basse. 

Devant le parc, se trouve la fontaine de l'ancien hôpital d'Ambert... 


Chemin des papetiers.  Fontaine de l'ancien hôpital d'Ambert.


Chemin des papetiers. Retour vers Valeyre


Chemin des papetiers. Retour vers Valeyre

Chemin des papetiers. Retour vers Valeyre

Nous passons, au retour vers Valeyre, à proximité d'un lieu qui s'appelle "La Pierre de Milan", c'était le lieu où les compagnons papetiers tenaient leur assemblée. Car s'ils étaient fiers de leur métier, ils avaient formé une société qui tenait à la fois du syndicat et de la confrérie religieuse. 
Aux périodes de crise, ils levaient la pile", c'est à dire qu'ils se mettaient en grève et se réunissaient à la pierre de Milan. 

En bas dans les villages, on disait,  avec un peu de malveillance sans doute, que les compagnons étaient aux bouteilles. Eux laissaient dire et médire et entonnaient leur chanson:


"Si le roi savait
La vie que nous menons
Quitterait son palais 
Se ferait compagnon"


Chemin des papetiers.  Retour vers Valeyre

Chemin des papetiers. Retour vers Valeyre

Après cette très agréable randonnée, nous nous rendons à Ambert, histoire d'y faire quelques photos et de repérer un restaurant dans lequel nous pourrions dîner car nos estomacs commencent à crier famine... 

L'hôtel de ville, de forme ronde,  est une particularité unique en Europe. C'est l'ancienne halle aux grains, construite en 1816 pour libérer la nef de l'église où se faisait le commerce des céréales depuis la révolution. 

Ambert. Hôtel  de Ville. 

Carte  postale ancienne. Ambert. Boulevard Henri IV et la Rotonde. 

La Place du général de Gaulle s'appelait autrefois les Allées du Tribunal car elle abrite l'ancien tribunal, aujourd'hui bureaux du Trésor public.   

Ambert.  Place du Général de Gaulle 

Carte postale ancienne. Ambert. 

Ambert.  Place Saint-Jean. Monument aux morts. 


Carte postale ancienne.  Ambert.  Monument aux morts. 

L'église Saint Jean fut construite au lendemain de la guerre de cent ans pour remplacer l'église romane, à partir de 1471.  Construite en granit elle est considérée comme la cathédrale du Livradois. 

Ambert. Eglise Saint-Jean

Carte postale ancienne. Ambert.  Eglise Saint-Jean.  

Non loin de l'église, à l'angle de la rue de la Petite rue de Goye, une belle maison à colombage... 

Ambert.  Maison à colombage. 
Mais la nuit est tombée, nous avons faim et la ville d'Ambert, un dimanche soir est très peu animée... Pas un seul petit restaurant ouvert... Aussi nous repartons pour le village de Valcivières, dans la montagne, où nous trouvons une petite auberge qui était encore sous la neige, il y a seulement une semaine, et qui est ouverte... Un menu du jour nous est proposé avec du civet de sanglier... accueil chaleureux et cuisine délicieuse... Nous y reviendrons... 

Auberge de Valcivières

Auberge de Valcivières

Un dimanche très agréable qui nous donne un peu de courage pour affronter la semaine... 


A bientôt pour les prochaines escapades de la Petite Hirondelle... 

3 commentaires:

  1. Toujours aussi inintéressant , et de très belles photos , j'aime bien celle ou il y a la charrue devant la maison mais tous ces endroits ou il y avait beaucoup d'activitées avant et maintenant laissés plus ou moins a l'abandon me rendent mélancolique .Mais c'est tellement beau ! Bravo Martine Bisous

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  2. Merci Jacqueline. Bisous à tous les deux.

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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