Weekend dans le Jura. 2 et 3 janvier 2015

 A peine quelques jours après notre retour de Bretagne, l'envie de repartir en escapade nous reprend et nous décidons de profiter du  nouveau grand weekend qui s'offre à nous à l'occasion du pont du Nouvel an....

Nous voilà donc une nouvelle fois sur la route dés le vendredi 2 janvier 2015,  en direction du Jura, une région que nous ne connaissons pas encore...  La météo n'est pas très bonne mais tant pis, nous ne craignons ni la neige, ni la pluie ! 

Jean-Paul nous réserve un appart'hôtel à Divonnes les Bains, à la frontière suisse, avec piscine et jacuzzi...  une excellente rééducation pour mon genou fraîchement opéré... 

Divonnes les Bains est une station thermale, située dans l'Ain, à la frontière de la Suisse romande, au pied des monts du Jura et  à proximité de Genève et du Lac Léman. 

 Divonnes les Bains . Le Casino

 Divonnes les Bains . Le Casino

 Divonnes les Bains . Le Casino

 Divonnes les Bains . Le Casino

La vue est superbe depuis le balcon de notre chambre...

Divonnes les Bains. Vue depuis notre chambre

Divonnes les Bains. Vue depuis notre chambre

Samedi 3 janvier 2015: Notre petit déjeuner avalé, nous partons pour une balade autour du lac... le paysage est grandiose avec la vue sur les Alpes...

le lac de Divonnes les Bains 

le lac de Divonnes les Bains 

... Mais le parcours est quelque peu périlleux car le chemin est verglacé... 

le lac de Divonnes les Bains 

Nous prenons la route vers les monts du Jura et  Saint-Claude, sous la pluie et la neige fondue... 

Sur la route de Saint-Claude. Vue sur les Alpes

Le temps est tellement couvert que nous n'aurons guère la chance d'apercevoir les monts du Jura... 

Sur la route de  Saint-Claude. 

Nous faisons une petite halte dans le village de Mijoux, un village de la station des Monts-Jura, au cœur de la vallée de la Valserine et au pied du plus haut sommet du Jura et du Col de la Faucille. 

Nous sommes attirés par les fresques murales qui ornent les maisons et qui ont été réalisées par Robert Bessard, sur le thème des métiers d'autrefois. Elles sont au nombre de 28 et nous en avons photographié quelques unes: 

La transhumance...

Mijoux.  Fresque murale. La transhumance

... L'école d'autrefois...

Mijoux.  Fresque murale. L'école d'Autrefois

...Le déneigement avec des chevaux...

Mijoux.  Fresque murale. Le déneigement avec des chevaux. 

...  Les lavandières...

Mijoux.  Fresque murale. Les lavandières 

...Le médecin d'antan...

Mijoux.  Fresque murale. Le médecin d'antan.

... Les bûcherons. Le passe-partout et la hache

Mijoux. Fresque murale. Les bûcherons. 

... Le porteur de foin...

Mijoux.  Fresque murale. Le porteur de foin. 

... Le transport des grumes...

Mijoux.  Fresque murale. Le transport des grumes. 

... Le contrebandier...

Mijoux.  Fresque murale. Le contrebandier. 

... La pantalonnière...

Mijoux.  Fresque murale. la pantalonnière. 

... La diligence des voyageurs...

Mijoux.  fresque murale.  La diligence des voyageurs. 

... Le fromager du bleu...

Mijoux.  fresque murale. Le fromager du bleu. 

... Le garde-champêtre...

Mijoux.  fresque murale. Le garde-champêtre. 

...Le lapidaire...

Mijoux.  fresque murale. Le lapidaire. 

...Les douaniers et les contrebandiers...
 

Mijoux.  fresque murale. Douaniers et contrebandiers.

Le village de Mijoux est traversé par la Valserine qui est la frontière entre les départements du Jura et de l'Ain. Les habitants de la rive droite sont dans le département du Jura, les habitants de la rive gauche, dans le département de l'Ain. 

Dés 1940, le pont Charlemagne constitua un point de passage sur la ligne de démarcation entre la zone libre, côté Jura et la zone occupée, côté Ain. Un laissez-passer était alors nécessaire pour franchir le pont. 

Le pont Charlemagne fut franchi en 1476, par les ravisseurs de Yolande de France, sœur du roi Louis XI, lors de son enlèvement par Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. 

Mijoux.  Le Pont Charlemagne

 Eglise de Mijoux. 

Nous reprenons notre route vers Saint-Claude et nous admirons au passage, malgré la pluie glaciale... 

... Le chapeau de gendarme... Une curiosité géologique, caractéristique du relief du Haut-Jura, constituée de minces couches calcaires et qui rappelle la forme des chapeaux portés par les gendarmes après la révolution. 

Mijoux.  fresque murale.  Le chapeau de gendarme du Jura. 

... Puis le saut du chien, à 708 m d'altitude, qui permet d'admirer les gorges de Flumel, à une profondeur de 70 mètres... Hélas peu de visibilité, aujourd'hui...

Le Saut du Chien

Nous arrivons à Saint-Claude, capitale du Haut Jura et cité de la pipe et du diamant. Saint-Claude,  située à une altitude moyenne de 435 m et dominée par les sommets du Haut-Jura, est bâtie au fond d'une vallée encaissée, profonde de 450 m. 

Carte postale ancienne. Saint-Claude. Vue générale. 

Saint-Claude

Il fait un temps épouvantable, mais nous allons tout de même tenter une visite de la ville. 

La tradition locale relate que dans les années 435, deux frères, Romain et Lucipin, vinrent s'installer au confluent de deux torrents, la Bienne et le Tacon. 
De leur installation, naquit une communauté monastique qui prit le nom d'Abbaye de Condat (condat signifie confluent en celte). 

Autour de l'Abbaye de Condat, qui prit par la suite le nom d'Abbaye de Saint-Oyend, se développa une petite cité qui grandit et prospéra autour de l'abbaye. 

Saint-Claude 607-699)

Au XIIème siècle, le culte se développa autour des reliques de Saint-Claude, un des pères de la communauté, dont le corps fut retrouvé intact, presque 5 siècles après sa mort. 

A partir du XVème siècle, les règles monastiques se relâchèrent et l'abbaye  sombra dans la déchéance puis dans l'oubli avec la révolution. 

Saint-Claude devint le siège d'un évêché et l'église abbatiale devint une cathédrale qui fut construite entre les  XIVème et XVIIIème siècles. 
Elle fut érigée en basilique par Pie XII en 1951. 

Sa tour massive de 40 mètres formant clocher, ses échauguettes, ses galeries et l'épaisseur de ses murs (3,80m) attestent qu'elle était destinée à servir aussi de citadelle de refuge.  

Saint-Claude. Cathédrale Saint-Pierre. Gravure de 1718. 

Saint-Claude. Cathédrale Saint-Pierre.

L'intérieur de la Cathédrale est de style gothique. 

Saint-Claude. Cathédrale Saint-Pierre. 

Le retable du XVIème siècle, de style Renaissance a été offert par l'évêque de Genève. 

Saint-Claude. Cathédrale Saint-Pierre. 

Si l'on connaît depuis très longtemps Saint-Claude, cette petite cité perdue au cœur des Monts du Jura, c'est grâce à la pipe avant de l'être pour le diamant... J'ai d'ailleurs moi-même,  depuis toute petite,  entendu de parler des pipes de Saint-Claude que mon père appréciait tout particulièrement lorsqu'il s'est mis à fumer la pipe... 

Alors comment la ville de Saint-Claude est-elle devenue la capitale de la pipe et la cité du diamant ? C'est une longue histoire  et nous allons vous la conter ...

Saint-Claude. Capitale de la pipe et cité du diamant. 

Dés la création de l'abbaye, les moines se mirent à tailler des objets en bois et ils apprirent leur art aux colons installés sur leurs terres. 
Lorsque l'agglomération de Condat se constitua autour de l'abbaye, elle fit une large place à l'industrie du bois afin de satisfaire la clientèle de pèlerins qui accouraient en foule pour se recueillir devant les reliques de Saint-Claude. 

Lorsque l'abbaye disparut sous la révolution, la ville resta fidèle à ses traditions. Il faut dire qu'en raison de la rudesse du climat, du relief accidenté et du sol  infertile, les habitants n'avaient guère d'autres moyens d'existence que l'industrie et le commerce. 

Saint-Claude a toujours été un nœud important de voies de communication qui a facilité les débouchés de son industrie. 

L'activité s'est développée autour de deux industries:  les industries du bois et des matières plastiques et les industries des pierres  précieuses et du diamant. 

 La tournerie est la première industrie en date et la plus typique des industries de saint-Claude. Elle trouve sa matière première dans le buis qui couvre les pentes voisines, auquel se sont ajoutés les bois exotiques, l'os, l'ivoire, la corne. 
Les premiers objets furent des objets de piété à destination des pèlerins: statuettes, crucifix, chapelets... 

Tabatière de Saint-Claude

L'introduction du tabac en France au XVIIème siècle, fut pour Saint-Claude un événement capital. Il fut d'abord utilisé sous forme de poudre, d'où le succès des tabatières, une industrie florissante au XVIIIème siècle. 

Saint-Claude. Fresque murale. Fabrication de la pipe. 

Puis on se mit à tourner d'autres objets expédiés en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Amérique avant de se spécialiser dans la pipe.

 L'usage de fumer la pipe, d’origine populaire, gagna peu à peu les hautes classes et Saint-Claude allait faire fortune en fournissant ce nouvel univers. 

Carte postale ancienne. Saint-Claude. Fabrication de la pipe.

La fabrication de la pipe en bois remonte à la fin du XVIIIème siècle. C'était alors un long tuyau de buis ou de corne ajusté un foyer de porcelaine.  

Puis le foyer fut recourbé à l’extrémité inférieure.

Carte postale ancienne. Saint-Claude. Fabrication de la pipe. Les mastiqueuses. 

Le foyer resta en porcelaine jusqu'au jour où l'ouvrier essaya d'en fabriquer avec le buis depuis longtemps travaillé dans la région. 

Cependant les pipes étaient combustibles et le buis donnait un mauvais goût au tabac. Avec l'utilisation de la bruyère, Saint-Claude allait devenir la "Capitale de la Pipe"

Carte postale ancienne. Saint-Claude. Procédé de fabrication de la pipe.

Carte postale ancienne. Saint-Claude. Le polissage de la pipe de bruyère. 

 Saint-Claude s'est également développée autour de l'industrie des pierres précieuses et du diamant.

Photo tag. Saint-Claude.

L'introduction du lapidaire dans le Jura vient de la proximité de Genève, ville de bijouterie. Les rubis servaient d'abord de contre-pivots dans les montres jusqu'à ce qu'en 1735, un ouvrier de Septmoncel, dans le Jura, eut l'idée de frotter deux rubis l'un contre l'autre. Il obtint des facettes et ce fut le début du lapidaire. 

Saint-Claude. Fresque murale. Le lapidaire. 

Le lapidaire fut une étape vers l'industrie du diamant qui trouva à Saint-Claude une main d'oeuvre spécialisée. 

Carte postale ancienne. Saint-Claude. Atelier de diamantaires

Carte postale ancienne. Saint-Claude. Atelier de diamantaires. 

Carte postale ancienne. Saint-Claude.  Taillerie de diamants. 

Carte postale ancienne. Saint-Claude.  La taille du diamant

Voilà, vous en savez désormais un peu plus sur les activités de Saint-Claude qui furent très florissantes autrefois mais sont hélas aujourd'hui en déclin . 

Nous poursuivons malgré la pluie, notre visite dans les rues de Saint-Claude...

 Saint-Claude. Rue du Pré et vue sur la Cathédrale Saint-Pierre 

 Nous sommes impressionnés par la façade qui se trouve au dessus de la maison de la presse: des peintures murales appropriées ... 

 Saint-Claude. Rue du Pré

Carte postale ancienne. Saint-Claude. Rue du Pré

Nous arrivons Rue de la Poyat... 

 Carte postale ancienne. Saint-Claude. Rue de la Poyat

... Et nous sommes intrigués par l'enseigne de la Maison du Peuple...

 Saint-Claude. Maison du Peuple

... Nous pénétrons dans une vaste cour dans laquelle les bâtiments, réhabilités nous charment et mettent un peu de couleur et de chaleur à cette journée au temps gris et brumeux... . Nous y sommes aimablement accueillis par une jeune femme qui nous explique l'histoire des lieux et nous en propose la visite...  

Saint-Claude. Maison du Peuple

L'association "La Fraternelle" fait revivre depuis 1984, la Maison du Peuple de Saint-Claude, une coopérative alimentaire créée en 1881 sous l'impulsion du socialiste Henri Ponard (qui deviendra maire de saint-Claude), et inaugurée en 1910. Elle hébergea les syndicats, les mutuelles et de vastes espaces dévolus à la culture et à "la promotion socio-éducative de l'individu".   

Photo ancienne .  Saint-Claude. Maison du Peuple. Coopérative "La Fraternelle"

Photo ancienne .  Saint-Claude. Maison du Peuple. Coopérative "La Fraternelle"

 Saint-Claude.  Plaque ancienne. Maison du Peuple.

C'est aujourd'hui un espace culturel et artistique, un lieu de mémoire, de diffusion et de création contemporaine. 

Les lieux ont été très récemment complètement rénovés... On y trouve un cinéma composé de 3 salles, classé "Art et Essai" qui propose une programmation diversifiée...

Saint-Claude. Maison du Peuple

...  "D'Jazz au Bistro" diffuse jazz et musiques improvisées, Des pièces de théâtre de compagnies professionnelles et "amateur" sont proposées pour tout public et jeune public... Des ateliers sont ouverts à tous... 

... Dans l'histoire ouvrière de saint-Claude, cafés et cercles jouèrent un rôle essentiel de sociabilité et d'éducation politique. En décembre 1902, la reprise de la gestion du café du 12, rue Poyat par la coopérative "La Fraternelle" concrétisa l'idée de la maison du Peuple de Saint-Claude. Le  café est officiellement ré-ouvert par l'association depuis 1996, mais dés 1988, l'activité des membres de "La Fraternelle" avait permis de réanimer cette salle de la Maison du Peuple. 

... Et nous, nous avons grand plaisir à faire une petite pause "vin chaud" dans cet agréable décor dans lequel un tournage de court-métrage vient de se terminer... 

Saint-Claude.  le Café de la Maison du Peuple

... L'association conserve également un fonds d'archives de coopératives, syndicats, mutuelles, groupements politiques... Elle dispose aussi d'un espace "Arts plastiques", issu de l'imprimerie de la coopérative qui permet un travail artistique à tous niveaux de pratique... 

Nous repartons, réchauffés, réhydratés et ragaillardis à la poursuite de notre visite...

Saint-Claude. Vue depuis l'arrière de la Maison du Peuple. 

Saint-Claude. La poste. 

Nous descendons la rue Antide Janvier, intrigués par la plaque commémorative qui incite la curieuse Petite Hirondelle à se renseigner sur cet illustre personnage... 

Antide Janvier

Antide Janvier est né en 1751 à Briva, à une dizaine de km de Saint-Claude. Il est un des horlogers les plus connus et il réalisa des chef-d’œuvres d'horlogerie, en particulier des sphères et  des planétaires... 








La sphère mouvante à planétaire (1802) est son oeuvre la plus célèbre. Elle représente les différentes planètes, les points d'équinoxe et la révolution des satellites. 

A la fin de sa vie, après avoir connu les honneurs et la gloire, Antide Janvier n'avait plus d'argent et il dut faire appel à ses amis pour subvenir à ses besoins.  

Saint-Claude. Rue Antide Janvier. 

Le temps ne nous a probablement pas permis d'explorer l'ensemble de la ville ni de profiter du panorama mais nous décidons de rentrer bien au chaud dans notre appart'Hôtel de Divonnes les Bains... Demain, nous nous rendrons à Genève... en espérant que le temps sera plus clément... Alors si le cœur vous en dit, venez suivre la suite de nos aventures...