La Gare du Nord, la plus importante gare parisienne, on y arrive, on la traverse et on la quitte aussi vite qu'on y est entré...Car on n'a aucune raison de s'y attarder...Et surtout on est pressé, toujours pressé...Car la Vie n'attend pas !
Et c'est à peine si l'on s'aperçoit que ce sont des individus que l'on croise, des gens qui vivent, des gens qui souffrent, des gens qui se cherchent, des gens qui se trouvent ou se retrouvent, des Histoires qui commencent, d'autres qui se terminent...Et aussi des gens seuls...Très seuls...
La Gare du Nord, c'est 550 000 voyageurs par jour, des gens de tous horizons, des voyageurs de la banlieue nord, une des plus défavorisées d’île de France, des voyageurs en partance pour Londres, Bruxelles, Amsterdam...Et aussi une multitude de travailleurs qui la font vivre ! Une véritable fourmilière en sorte !
Et à l'intérieur de cette fourmilière, la réalisatrice, Claire Simon nous permet d'approcher, à travers les interviews d'un étudiant en sociologie, les destins ce ces travailleurs dont la vocation n'était pas de se retrouver un jour prisonniers de cet Univers : un barman sur-diplômé qui n'a pas trouvé d'autre moyen de gagner sa vie, la vendeuse de lingerie qui ne sait pas si elle sera encore là demain, la dame Pipi qui a de la répartie face au mépris des usagers...
Et au milieu de tout ce tumulte, naît une improbable histoire d'Amour, à l'image de la Vie, à l'image des trains qui partent et qui n'attendent pas...belle, douloureuse et brève ! Avec la sublime Nicole Garcia !
Ce film a réveillé en moi bien des souvenirs à la fois joyeux et douloureux car j ai passé 19 mois au sein de cette fourmilière alors que j'avais à peine 20 ans...aux guichets de la SNCF, justement ! Et si la Gare a subi beaucoup de transformations, j'y ai retrouvé le même débordement d'activité, une foule hétérogène, pressée, stressée...des personnes qui sourient, prennent le temps de prononcer quelques mots gentils, celles qui courent, sont en retard, sont impatientes, énervées, impolies, méprisantes, agressives...voire même qui sont capables de casser un hygiaphone...Et puis il peut y avoir des personnes qui s'attardent, qui prennent conscience que derrière les guichets, il n'y a pas que des machines, il y a des êtres humains qui ont une vie en dehors de la Gare, qui sont capables de ressentir des émotions, des sentiments...Et cela peut être le début de belles Histoires !
J'ai aussi le souvenir du billet Bige qui permettait aux jeunes de moins de 26 ans de voyager en Europe à des tarifs très intéressants. Aussi voyait-on tout l'été et même au-delà, des jeunes avec d'immenses sacs à dos, dormir à l'intérieur de la gare en attendant leur prochaine destination ! Et que n'ai-je rêvé de ce billet Bige et de ces sacs à dos géants, derrière mon guichet !
Je me souviens encore que je devais traverser à la fin de chaque service la gare depuis les guichets jusqu'à la caisse centrale avec la recette de la soirée dans mes poches ! ... Jusqu'au jour où un caissier a été assassiné peu après mon départ ! Je revois avec tristesse et effroi sa silhouette tracée à la craie lorsque je suis venue prendre mon poste le lendemain ! ... Et mon immense appréhension les jours et les semaines qui suivirent lorsque j'allais déposer ma recette...Ou tout simplement aller chercher ma paie qui était alors versée en espèces...
... Et cette femme qui chaque jour se tenait face aux distributeurs automatiques (les premiers !) et qui sollicitait les usagers pour les quelques centimes qui lui manquaient pour acheter son billet...Et qui finalement récoltait plus en quelques heures que moi avec mon maigre salaire d'étudiante !
Et la fourmilière était telle que j'ai délivré des billets à des anciennes camarades de classe, des amis surpris de me retrouver ici...et même à des personnages publics...Francis Perrin entre autres...
A bientôt pour un prochain film !
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